Où en est le dépistage du VIH en France ? C’est la question à laquelle tente de répondre Santé publique France ce 1er décembre à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida.
Dans son Bulletin de décembre 2020 et son BEH N° 33-34, l'agence sanitaire propose en effet des données actualisées sur l’infection par le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes en France. Si ces chiffres souffrent d'une sous-déclaration liée à la pandémie de SARS-CoV-2, une tendance se dégage tout de même : en 2019, l’activité de dépistage du VIH et des IST bactérienne pourrait bien avoir continué d’augmenter, pour chuter fortement en mars 2020 avec le premier confinement de la population.
L’activité de dépistage poursuit son augmentation en 2019
Toutes proportions gardées, les données concernant l’année 2019 – bien qu’incomplètes – semblent en effet décrire une poursuite de la hausse du recours au dépistage amorcée en 2013. Avec au moins 6,2 millions de sérologies VIH réalisées par les laboratoires de biologie médicale en 2019, cette augmentation aurait même, l’année dernière, marqué une accélération : le recours au dépistage, qui a augmenté de 10 % sur la période 2014-2018, se serait encore accru de 6 points de pourcentage entre 2018 et 2019.
Conséquence de cette hausse du recours au dépistage : en 2019, le nombre de sérologies confirmées positives aurait lui aussi augmenté de 6 %, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) et les hétérosexuels nés à l’étranger restant les 2 groupes les plus touchés par le VIH.
Chute du recours au dépistage pendant la pandémie
Mais les progrès réalisés en matière de dépistage semblent malheureusement n'avoir pas résisté à 2020 et à la pandémie de covid-19. « La pandémie de COVID-19 a entraîné une forte diminution du recours au dépistage [...] en 2020 », déplore en effet Santé Publique France.
Le premier confinement de la population aurait en particulier conduit à un recul considérable de l’activité de dépistage du VIH. Ainsi, entre février et avril 2020, le nombre de sérologies aurait diminué de plus de 50 % dans la population générale, voire de plus de 60 % chez les hommes, les 15-24 ans et les plus de 50. Chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, l’enquête Rapport au sexe (ERAS) conduite en 2020 a mis en évidence, certes, une « moindre fréquence des relations sexuelles avec des partenaires occasionnels », mais aussi le report d’un dépistage ou d’une consultation de suivi pour environ un tiers des répondants.
Si le dépistage semble toutefois avoir repris avec le déconfinement, « la chute du nombre de sérologies VIH observée notamment en mars-avril 2020 n’a pas été compensée par un rattrapage en juin-juillet », déplore Santé publique France. Les auto-tests disponibles en pharmacie, dont les ventes auraient continuellement chuté depuis mars, n'ont pas non plus permis semble-t-il de combler le retard « [Or], si un rattrapage n’a pas lieu rapidement dans les mois à venir, une augmentation du délai au diagnostic de l’infection à VIH est à craindre », s’inquiète Santé publique France.
Des expérimentations pour favoriser le dépistage
Certains dispositifs expérimentaux semblent cependant prometteurs. C'est par exemple le cas du programme « Au labo sans ordo » (ALSO), qui propose de réaliser gratuitement (prise en charge à 100 % par l'Assurance maladie) et sans prescription des sérologies VIH au laboratoire de biologie médicale. Dans les Alpes-Maritimes et surtout à Paris, ce programme aurait en effet conduit à une augmentation significative du nombre de tests réalisés en laboratoire en 2019 (+ 2 000 sérologies dans les Alpes-Maritimes, et + 20 000 tests à Paris).
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