Covid-19

La décrue épidémique marque le pas, les changement de comportements en cause ?

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Publié le 11/03/2022
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A la veille d’un allègement massif des mesures sanitaires, Santé publique France confirme que la décrue de l’épidémie marque le pas alors que le niveau de circulation virale reste élevé. Si la reprise scolaire et l’émergence du sous-variant BA.2 -désormais majoritaires en France- ont pu contribuer à cette évolution, des travaux de l’Institut Pasteur pointent surtout l’impact des changements de comportements.

Crédit photo : JIM VARNEY/SPL/PHANIE

« La circulation du SARS-CoV-2 a peu ralenti par rapport aux quatre semaines précédentes augurant une stagnation à un niveau élevé du taux d’incidence ». Dans son point épidémiologique du 10 mars, Santé publique France confirme le changement de dynamique de l’épidémie de Covid-19 observé en France ces derniers jours.

En semaine 09 (du 28 février au 6 mars), le taux d’incidence a ainsi enregistré un recul de seulement 7 % par rapport à la semaine précédente (546 cas pour 100 000 habitants vs 586 en semaine 08), soit bien moins que les baisses antérieures.

Surtout, « le taux d’incidence est resté supérieur à 500 dans la majorité des régions » souligne Santé publique France. Dans certaines régions, ce taux est même reparti à la hausse comme en Martinique où il a dépassé 2 400, mais aussi en Bretagne et dans les Hauts-de-France. Une augmentation a également été observée chez les 3-10 ans.

La rentrée scolaire accusée à tort ?

Pour autant, la reprise scolaire ne semble pas pouvoir expliquer à elle seule le phénomène, estime Santé publique France qui a analysé la dynamique épidémique en fonction des différentes zones scolaires. Résultats : si en zone B (la première à avoir repris le chemin de l’école), on observe une légère augmentation de la circulation virale jugée compatible avec le calendrier de la rentrée, en zone C la modification de la dynamique épidémique semble être survenue alors même que les enfants étaient encore en vacances. Ainsi, « la reprise scolaire n’apparaît pas comme un facteur explicatif unique dans la dynamique qu’on observe actuellement, estime Guillaume Spaccaferri (Épidémiologiste chez Santé publique France) et il y a probablement d’autres facteurs qui interviennent ».

Pas de corrélation systématique entre circulation de BA.2 et reprise épidémique

À ce titre l’émergence du sous-variant BA.2 a aussi été incriminée. Désormais majoritaire en France (52 % des cas en semaine 09 selon les données de criblage préliminaires), ce sous-lignage d’Omicron est connu pour être plus transmissible que BA.1. Cependant « il semble que cet avantage de transmissibilité ne soit pas suffisant pour expliquer les variations de l'incidence qu'on observe actuellement », estime Justine Schaeffer, (chargée de projet expertise variants Covid - Santé publique France).

Un travail de Santé publique France a comparé la situation épidémique de différentes régions de France métropolitaine et pays d’Europe selon la proportion de BA.2 observée localement. Cet exercice n’a pas mis en évidence de corrélation systématique entre les deux paramètres, les pays ou régions ayant les plus forts taux de BA.2 n’étant pas forcément ceux enregistrant une stabilisation voire une ré-augmentation de l'incidence du Covid. 

Des modélisations conduites par l’institut Pasteur vont dans le même sens. Elles suggèrent que le pic des cas de BA.2 pourrait effectivement être un peu plus tardif que celui des autres sous-lignages d’Omicron. « Mais les conséquences de ce pic devraient être assez faibles sur la dynamique épidémique globale, nuance Justine Schaeffer, avec éventuellement un ralentissement de la décrue mais pas un impact suffisant pour provoquer un arrêt de la diminution voir un rebond ».

La modification des comportements, un élément critique

Les chercheurs de l’institut Pasteur se sont intéressés à d'autres facteurs qui pourraient favoriser la reprise épidémique. Selon leurs modèles, l’augmentation du taux de transmissibilité lié aux changements de comportements et à la hausse des interactions sociales serait l’élément le plus critique. Avec, en cas d’augmentation supérieure à 50 % , un risque réel de rebond épidémique.

Un constat qui interroge alors que la France s’apprête à lever le 14 mars la quasi-totalité des mesures sanitaires. « Dans un contexte de circulation virale qui reste active, Il est clair que cela peut avoir un impact sur la dynamique de l'épidémie », reconnaît Isabelle Parent qui appelle à ne pas baisser complètement la garde.

Cependant, les modélisations de l’institut Pasteur suggèrent aussi que plus de 30 % de la population française aurait été infectée par Omicron « soit des niveaux d'immunité extrêmement élevés », souligne Justine Schaeffer pour qui « cette immunité pourrait tempérer le rebond en termes de cas et surtout en termes de formes sévères ».


Source : lequotidiendumedecin.fr