Brève

La légalisation du cannabis serait « un moyen de reprendre le contrôle face à l'échec de la répression »

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Publié le 20/06/2019
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Plusieurs voix s'élèvent dont les économistes du CAE en faveur de la légalisation du cannabis. Alors que le Gouvernement et les académies de médecine et de pharmacie y sont opposés, la tendance est à l'ouverture, indiquent ces experts. Selon eux, cela serait un bon moyen de reprendre le contrôle face à l'échec de la répression. Cette légalisation passerait par un monopole public de production et de distribution du cannabis, avec producteurs agréés et boutiques spécialisées. « Le système de prohibition promu par la France depuis 50 ans est un échec », insistent les auteurs de la note. Les usagers quotidiens sont en effet de plus en plus nombreux, 700 000 (+27 %), selon une enquête Ifop publiée en mai 2018 pour Echo Citoyen et Terra Nova. Ces chiffres sont probablement sous-estimés, étant donné le caractère illicite du cannabis en France.

Une facture salée à 919 millions d'euros

Concernant le montant de la dépense publique engagée pour lutter contre le cannabis, il s'élève à 568 millions d'euros, dont 70 % consacrés aux actions des forces de l'ordre et 20 % aux services judiciaires et pénitentiaires. Seuls 10 % financent la prévention, les soins et la recherche. Avec les pertes de revenus, de production et de prélèvements obligatoires liés à l'emprisonnement, la facture sociale du cannabis serait supérieure de 40 %, soit 919 millions d'euros. Et les rentrées fiscales sont nulles, étant donné que les trafics échappent à l'impôt. Depuis 1970, le nombre d'interpellations pour usage simple a été multiplié par 50. Une légalisation permettrait de créer entre 27 500 et 80 000 emplois sur une hypothèse de consommation annuelle de 500 à 700 tonnes par an, avec à la clé des recettes fiscales de 2 à 2,8 milliards d'euros.

Un mineur sur deux a déjà expérimenté le cannabis

Versant médical, entre 300 000 et 1 million de patients seraient concernés par la prise de cannabis thérapeutique, selon les travaux menés par le Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST). Considéré comme un médicament, il sera prescrit dans un cadre très rigoureux pour éviter les dérives. Appelant l'État à reprendre le contrôle, les experts du CAE pointent aussi le fait que les mineurs (un sur deux en 2014) sont particulièrement touchés. En 2016 en France, 41,4 % des Français âgés de 15 à 64 ans ont consommé au moins une fois dans leur vie, versus 18,9 % dans la moyenne européenne.

La pharma est en retard

Les experts du CAE ont également établi une comparaison à l'international où certains pays ont une politique volontariste en la matière (Canada, Australie, Danemark, Israël, Pays-Bas) : « La France qui pourtant dispose d'un secteur pharmaceutique conséquent, a pris du retard sur la question. » Et de citer l'exemple d'une société danoise Stenocare, première société de cannabis médical cotée en Bourse en Europe, comparée aux grands laboratoires qui avancent moins rapidement.


Source : lequotidiendumedecin.fr