La vaccination contre le Covid est toujours marquée par les inégalités sociales et par le manque de confiance

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Publié le 21/09/2023
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Crédit photo : BURGER-PHANIE

Les inégalités sociales persistent dans les pratiques vaccinales contre le Covid, selon le quatrième volet de l’enquête EpiCov. Les plus modestes, les ouvriers, les personnes issues de l’immigration extra-européenne et celles originaires d’un Drom ou ayant un parent originaire d’un Drom restent moins vaccinés. Ces populations déclarent un plus faible niveau de confiance envers le gouvernement et les scientifiques. Elles rapportent aussi plus souvent avoir subi des expériences de discrimination.

Selon les données à fin 2022*, publiées par la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) ce 21 septembre, 93 % des personnes majeures interrogées déclaraient avoir reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 : 83 % avaient un schéma vaccinal complet, 10 % une couverture incomplète. Les taux de vaccinés sont sensiblement inférieurs dans les Drom : 49 % en Guadeloupe, 46 % en Martinique et 67 % à La Réunion.

Au-delà de ce clivage géographique, le recours à la vaccination est marqué par d’importantes inégalités sociales. Entre les 10 % de personnes au niveau de vie le plus élevé et les 10 % au niveau de vie le plus bas, l’écart est de 20 points de pourcentage. Il est de 11 points entre les cadres et professions intellectuelles supérieures et les ouvriers.

Un écart important avec les personnes qui ne sont ni immigrées ni descendantes d’immigrés est également observé : de 13 points pour les immigrés nés hors Union européenne et de 17 points pour les descendants d'immigrés.

Les femmes ont un peu plus souvent un schéma vaccinal complet (85 %) que les hommes (81 %), « alors même qu’elles se déclaraient plus réticentes à l’idée de la vaccination avant que celle-ci soit mise en place », est-il souligné.

L’une des « dimensions fortement structurantes » des pratiques vaccinales relève de la confiance envers le gouvernement ou les scientifiques. Parmi les personnes qui déclaraient, à l’été 2021, ne pas avoir du tout confiance en l’action du gouvernement pour résoudre la crise sanitaire, 71 % ont un schéma vaccinal complet, contre 90 % de celles qui disaient avoir tout à fait confiance. L’écart est ainsi de 19 points de pourcentage et il monte à 30 points s’agissant de la confiance à l’égard des scientifiques (59 % contre 89 %).

Des taux inférieurs chez les victimes de discrimination

Pour la première fois en quatre éditions, l’étude EpiCov permet d’observer les liens entre les expériences de discrimination et le recours à la vaccination. Parmi les répondants, 16 % déclarent avoir été confrontées à des comportements discriminatoires. Ces personnes ont moins souvent un schéma vaccinal complet : parmi les personnes souvent confrontées aux discriminations, les vaccinés représentent 69 % alors que la proportion est de 84 % chez celles n’ayant jamais connu d’expérience de discrimination. « En particulier, avoir vécu une discrimination dans le cadre d’une relation avec un professionnel de santé est très lié au fait de ne pas être vacciné : 20 % des personnes déclarant avoir subi de telles discriminations n’ont reçu aucune dose, contre 7 % pour les autres », est-il précisé.

Une évolution favorable mais insuffisante

L’étude de la Drees permet aussi d’apprécier l’évolution des pratiques vaccinales. Ainsi, 53 % des personnes qui ne souhaitaient pas se faire vacciner à l’été 2021 ont finalement reçu au moins une dose de vaccin. Parmi les raisons évoquées pour la vaccination, « se protéger soi-même » arrive bien avant le fait de pouvoir accéder à des bars, restaurants, lieux culturels et autres lieux de loisirs.

Pour autant, cette dynamique en faveur de la vaccination n’a pas permis de combler l’écart. Entre l’été 2021 et l’automne 2022, « la différence de couverture vaccinale est ainsi passée de 33 à 11 points entre les plus aisés et les plus modestes économiquement, de 18 à 7 points entre les cadres et les ouvriers et de 9 à 3 points entre les plus diplômés et les moins diplômés », est-il relevé.

Enfin, chez les enfants, le taux de vaccination a atteint 89 % chez les 12-17 ans et 15 % chez les 4-11 ans. Ces taux restent corrélés à l’adhésion des parents à la vaccination : « parmi les 12-17 ans dont le parent interrogé n’est pas vacciné, ils ne sont que 31 % à être vaccinés, contre 85 % lorsque le parent a un schéma vaccinal incomplet et 95 % quand le schéma vaccinal du parent est complet ».

*Le 4e volet a été réalisé entre le 12 septembre et le 5 décembre 2022. Parmi les 85 032 personnes ayant répondu aux trois premiers volets, 65 403 ont répondu à ce dernier volet d’interrogation.


Source : lequotidiendumedecin.fr