Santé publique

L’antibiorésistance toujours en hausse au niveau mondial

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Publié le 13/12/2022
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Selon un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé, l’antibiorésistance a globalement continué d’augmenter en 2020, probabalement sous l’effet de la pandémie de Covid-19.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

A l’échelle mondiale, les bactéries résistantes aux antibiotiques ont continué de gagner du terrain. C’est ce que déplore l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a publié le 9 décembre son rapport GLASS (Global Antimicrobial Resistance and Use Surveillance System) portant sur les données de 2020.

Ce travail s’est penché sur les données d’antibiorésistance des 127 pays qui contribuent depuis 2015 au système de surveillance de l’antibiorésistance de l’OMS.

Résultat : si pour certaines molécules, les niveaux de résistance sont restés stables entre 2017 et 2020, dans l’ensemble, on observe « une augmentation de la résistance aux antibiotiques dans les infections bactériennes humaines », résume l’OMS.

Des bactéries courantes 

De fait, certaines bactéries plutôt courantes apparaissent de plus en plus résistantes. Ainsi en 2020,  « 20 % des isolats d’E. coli étaient résistants à la fois aux traitements de première ligne et de seconde ligne », souligne l’OMS et plus de 60 % des infections à Neisseria gonorrhoea s’avéraient résistantes à la ciprofloxacine. En parallèle, « les sepsis dus à des souches d’Escherichia coli résistantes, ainsi que les infections à Neisseria gonorrhea résistantes ont augmenté d’au moins 15 % par rapport à 2017 », s’alarme l’instance.

En outre, les niveaux de résistance des bactéries très souvent à l’origine d’infections sévères à l’hôpital apparaissent préoccupants. « Le rapport met en évidence de hauts niveaux de résistance (plus de 50 %) chez (…) Klebsellia pneumoniae ou Acinetobacter spp », résume l’OMS. Si bien que les antibiotiques de dernière ligne sont touchés. En 2020, « 8 % des sepsis causés par Klebsiella pneumoniae ont été décrits comme résistants aux carbapénèmes, augmentant les risques de décès liés à des infections impossibles à gérer », déplore l’OMS.

La pandémie de Covid en cause ? 

Face à ces chiffres, les auteurs du rapport évoquent un potentiel « impact négatif » de la pandémie sur l’antibiorésistance, même si des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.  Reste aussi à déterminer « dans quelle mesure (cette évolution des résistances) peut être liée à une augmentation des hospitalisations et de l’utilisation de traitements antibiotiques pendant la pandémie », juge l’OMS.

Pour rappel, en 2020, sous l’effet des restrictions anti-Covid, la France avait enregistré un recul sans précédent du recours aux antibiotiques – en particulier en ville, avec des conséquences plutôt bénéfiques sur l’antibiorésistance. Des tendances similaires avaient été observées dans d’autres pays d’Europe, à l’instar du Danemark ou de l’Allemagne, mais cet impact plutôt favorable ne semble pas avoir été partout la règle …

Une surveillance à améliorer

L’OMS reste toutefois prudente dans ses conclusions car « plusieurs pays, territoires et régions qui ont contribué à la surveillance au cours des années précédentes n’ont pas pu soumettre de données en 2020 », déplorent les auteurs du rapport. « Nous devons intensifier les tests microbiologiques et (s’assurer que soient fournies) des données de qualité dans tous les pays, pas seulement les plus riches », plaide ainsi le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, président de l’OMS. D’autant que les pays les plus pauvres, qui ont le moins participé à la surveillance, restent « les plus susceptibles de rapporter des taux d’antibiorésistance significativement plus élevés pour la plupart des combinaisons bactérie-médicament », souligne l’OMS.


Source : lequotidiendumedecin.fr