La commission d'enquête du Sénat sur la gestion de la crise sanitaire révèle une intervention directe du directeur général de la santé sur un rapport d'experts commandé par Santé Publique France en 2018. Faut-il parler là de faute déontologique? Santé Publique France avait commandé un rapport au Pr Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses (CHU de Grenoble) qui suggérait la constitution d'un stock de un milliard de masques afin de répondre aux urgences en cas de pandémie. Cette recommandation ne répond pas aux attentes du directeur général de la santé Jérôme Salomon qui ne souhaiterait plus la conservation d'un stock dormant. D'où, selon un échange de courriels publiés dans le rapport sénatorial, la suppression du mot stock et son remplacement par besoin. Au delà de la sémantique, ce simple changement de mot justifierait la stratégie défendue par le directeur général de la santé de refuser la constitution d'un stock massif, préventif mais plutôt de répondre le moment venu par des achats en cas de situation de crise. On sait aujourd'hui comment cette économie budgétaire s'est transformée en fardeau. Selon Catherine Deroche (LR, Maine et Loire), l'un des trois rapporteurs du rapport, le coût d'achat en plein milieu de la crise a été multiplié par 30. L'intervention directe de Jérôme Salomon, si elle est confirmée, soulève une nouvelle fois l'indépendance de l'expertise qui cette fois aurait été malmenée non pas pour des intérêts économiques mais par le pouvoir politique.
En revanche, le rapport réhabilite l'action d'Agnès Buzyn qui aurait très tôt perçu le risque de pandémie. En revanche, elle n'aurait été suivie ni par le gouvernement ni par l'Europe. Exemple, la ministre des Solidarités et de la Santé avait sollicité l'organisation en urgence d'un sommet européen sur le risque de pandémie. Seuls trois pays ont répondu positivement.
Enfin, le rapport appelle à la création d'un Centre national d'expertise scientifique qui aurait permis d'éviter la création en urgence de plusieurs comités.
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