L'épidémie progresse mais le gouvernement temporise, tablant sur les effets de la vaccination

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Publié le 26/02/2021

Crédit photo : Capture d'écran

L’épidémie de Covid-19 progresse à nouveau. En effet, après deux semaines d’amélioration, selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France, l’incidence du SARS-CoV2 repart à la hausse. Pour la semaine du 15 au 21 février, 138 771 nouveaux cas ont été confirmés contre 128 662 la semaine précédente et la moyenne de cas confirmés par jour s’établit à 19 824. « Le taux d’incidence augmente dans toutes les classes d’âge entre 15 et 74 ans », explique SPF.
Les régions Paca, Hauts-de-France et Ile-de-France sont les plus touchées et en métropole, le taux d’incidence dépasse les 300 cas pour 100 000 habitants dans dix départements. En Ile-de-France par exemple, il a grimpé de 240 à plus de 300 cas pour 100 000 habitants sur sept jours. SPF s’inquiète aussi du niveau très élevé du nombre d’hospitalisations, notamment en réanimation. « La tension sur le système hospitalier risque de s'aggraver du fait de la hausse récente des infections dans la communauté qui se traduira d’ici quelques jours par une accentuation des nouvelles hospitalisations déjà à un niveau très élevé », met en garde l'agence, soulignant notamment la progression du variant britannique plus contagieux.

Le variant britannique désormais majoritaire

En effet, selon SPF, le variant britannique est désormais majoritaire (49 %) dans les cas positifs déclarés, il représente même plus de 50 % des cas dans 33 départements métropolitains. Les variants sud-africains et brésiliens s’établissent pour l’instant à 6 % des cas (plus de 10 % dans 11 départements).

Mais malgré tous ces indicateurs au rouge, le gouvernement a décidé d’attendre. Après l’annonce dans la semaine du confinement le week-end des agglomérations de Nice et Dunkerque, un nouveau tour de vis était attendu hier soir lors de la conférence de presse de Jean Castex. Mais le Premier ministre a finalement préféré temporiser. Il a réaffirmé jeudi vouloir « tout faire pour retarder » un confinement strict, afin de « laisser à la vaccination le temps de produire ses effets ». Il a décrété le placement en « surveillance renforcée » de 20 départements. Ils recouvrent toute l'Ile-de-France, le Rhône, les Bouches-du-Rhône, l'Oise, le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, la Drôme, la Moselle, la Meurthe-et-Moselle ou encore l’Eure-et-Loir. Comme Dunkerque et Nice, ils pourront faire l'objet de mesures de confinements locaux à partir du 6 mars si la situation continuait à se dégrader, après « concertations avec les élus », a ajouté le chef du gouvernement.

Le gouvernement taxé d'attentisme

Mais cette stratégie ne plaît pas à tout le monde et est jugée trop attentiste par certains. Le président de la FHF (Fédération hospitalière de France) Frédéric Valletoux a notamment demandé sur le plateau de France 2, des « mesures plus drastiques ». « Il ne faut pas attendre que les hôpitaux soient débordés comme c'est le cas à Dunkerque car la réalité, c'est que le confinement est annoncé », a-t-il souligné. « Plus on reconfinera tard, plus on sait que les lignes hospitalières vont être sollicitées, c'est mécanique (…) Dans certains territoires, il aurait fallu peut-être des mesures plus drastiques tout de suite » et « interdire la mobilité ou la restreindre pour empêcher les flux et allées et venues », a-t-il ajouté.

De son côté, la mairie de Paris avait d’abord mis sur la table, jeudi soir, l’hypothèse d’un confinement strict de trois semaines de la capitale. Le premier adjoint Emmanuel Grégoire, avait déclaré préférer cette option à un confinement le week-end, afin de « vraiment redonner de l'oxygène et avoir la perspective dans trois semaines de tout rouvrir ». Mais face aux critiques, l’adjoint d’Anne Hidalgo a légèrement rétropédalé ce vendredi évoquant « une simple hypothèse » élargie à la « zone dense » francilienne.

Les premiers effets de la vaccination 

Même si les indicateurs semblent pointer inévitablement vers un durcissement des mesures sanitaires dans une semaine, quelques signaux positifs sont néanmoins à retirer du bulletin de Santé Publique France. En effet les « premiers effets » de la campagne de vaccination semblent se percevoir pour les personnes de plus de 75 ans. SPF note une « amélioration des indicateurs dans cette tranche d’âge » et pour les résidents d’Ehpad. Ainsi, même si les personnes âgées restent « fortement touchées », le taux d'incidence chez les plus de 75 ans a diminué la semaine du 15 au 21 février de 6 % par rapport à la semaine précédente, tandis qu'il augmentait dans quasiment toutes les autres classes d’âge. Les données montrent également une « forte diminution » des décès (-22,5 %, soit -143 morts) dans les établissements sociaux la semaine précédente.

Au 23 février, 80 % des résidents en Ehpad avaient reçu au moins une dose de vaccin, et 50,6 % avaient reçu les deux doses. Et au total, hors ou en Ehpad, près de 25 % des personnes âgées de 75 ans et plus avaient reçu au moins une dose de vaccin, selon le bulletin hebdomadaire de l'agence sanitaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr