Les personnes exposées à l’incendie des entreprises Lubrizol et NL Logistique auraient en particulier contracté des troubles irritatifs et psychologiques. Telle est la conclusion du dispositif d’étude "Santé Post Incendie 76" dont les résultats viennent d'être publiés.
Suite à l’incendie en septembre 2019 à Rouen, Santé Publique France avait mis en place, « à la demande des ministères en charge de la santé, de l'écologie et du travail, un dispositif global d’évaluation épidémiologique [des] conséquences [de l’accident] sur la santé, qu’elles soient survenues au moment de l’accident ou qu’elles apparaissent plusieurs mois ou années après ». En pratique, plusieurs études notamment participatives, fondées sur la distribution de questionnaires, avaient été lancées.
Les riverains exposés à des symptômes irritatifs
Parmi celles-ci, de premiers travaux visaient à décrire les expositions et les symptômes perçus par les populations exposées à l’incendie. Et ce, au moment de l’accident mais aussi plus tard, un an après l’incendie.
3 764 adultes et 1 029 enfants de 122 communes de Seine-Maritime concernées par l’accident ont été recrutés pour répondre à des questionnaires - ainsi que « 1 015 adultes et 208 enfants d’une zone témoin située au Havre et ses environs », précise Santé publique France.
Résultat : en termes d’exposition ressentie, « plus de 90 % de la population étudiée déclare avoir perçu au moins une exposition à cet accident industriel », résume l’agence. Et outre les bruits, les flammes, les dépôts de suies, les habitants décrivent surtout des effluves particulièrement délétères. « 86 % de la population ont ressenti des odeurs, perception qui a souvent duré longtemps et été vécue comme gênante ou très gênante », rapporte en effet Santé publique France.
Des expositions qui semblent avoir surtout provoqué des symptômes d’ordre irritatif. De fait, si plus de 60 % des habitants de la zone concernée ont rapporté au moins un symptôme selon eux attribuable à l’incendie, il s’agissait souvent de troubles oculaires (« larmoiement, rougeur conjonctivale », détaille Santé Publique France), ORL (« picotement des narines, de la gorge, écoulement et obstruction nasale »), ou respiratoires (« toux, dyspnée, plus rarement crise d’asthme »). Des symptômes généraux tels que céphalées, vertiges ou fatigue ont aussi été déclarés, indique l’agence.
Des impacts psychologiques encore à préciser
Mais surtout, les personnes affectées par l’accident se sont souvent plaintes de troubles psychologiques tels que stress, anxiété ou angoisse, voire panique ou troubles du sommeil. Et ce même un an après l’évènement. « La perception des nuisances générées par l’incendie a eu un effet négatif sur la santé perçue des personnes exposées, mesurée un an après l’événement. Cette altération est principalement due à un impact sur la santé psychologique », conclut ainsi Santé Publique France.
Bien que ces observations apparaissent aux yeux de l’agence « cohérentes avec la littérature épidémiologique traitant des évènements accidentels similaires », l’impact de l’accident sur la santé mentale des riverains doit continuer d’être évaluée. Aussi, des analyses complémentaires des troubles anxieux, dépressifs ou de stress post-traumatique présentés par la population devraient être conduites pour le premier trimestre 2022.
Les travailleurs aussi touchés
De plus, « Santé publique France s’est également intéressée à la santé des travailleurs (salariés des deux sites industriels sinistrés, professionnels intervenus lors de l’accident et employés d’autres entreprises qui ont été exposés aux nuisances générées par l'incendie) ».
Des travaux dont les conclusions apparaissent très proches de ceux conduits auprès de la population générale. « Les symptômes à court terme observés et remontés par les médecins du travail étaient principalement de type irritatif, similaires à ceux décrits en population générale et habituellement observés dans le cadre d’exposition à des fumées d’incendie », résume en effet l’agence.
Surveillance épidémiologique vs biosurveillance
Au total, ces résultats plaident, pour santé Publique France, en faveur de la mise en place d’une surveillance épidémiologique renforcée des effets sanitaires potentiels de l’incendie à moyen et long terme.
Au contraire, Santé publique France juge qu’une enquête de biosurveillance – qui viserait à caractériser et suivre la présence de substance chimique dans l’organisme des personnes exposées à partir de prélèvements – serait inutile. « En l’état actuel des connaissances, aucun élément ne permet de conclure à l’observation d’une contamination apportée par l’incendie différentiable d’une pollution industrielle historique », explique-t-elle.
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