Les rappels vaccinaux contre la coqueluche sont à réaliser, non plus tous les 20 ans (à 25, 45 et 65 ans), mais tous les cinq ans pour les professionnels de santé dans le contexte d’urgence sanitaire actuel. C’est l’une des nouvelles recommandations publiées par la Haute Autorité de santé (HAS) en réponse à une saisine du ministère de la Santé face à la recrudescence de la coqueluche dans l’Hexagone.
La vaccination des femmes enceintes dès le deuxième trimestre (entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée) et à chaque grossesse, préconisée depuis 2022, est rappelée avec insistance, alors qu’elle peine à se mettre en place. Seules 16 % des femmes enceintes suivies par un médecin généraliste et 18 % de celles suivies par un gynécologue ont été vaccinées entre juin 2023 et mai 2024. Pourtant, le transfert actif transplacentaire des anticorps maternels est bien la stratégie « la plus efficace pour protéger le nouveau-né et le nourrisson durant ses six premiers mois de vie », met en avant l’agence sanitaire.
Qui sont les professionnels concernés ?
« Les professionnels concernés, non antérieurement vaccinés contre la coqueluche ou n’ayant pas reçu de vaccin anticoquelucheux depuis l’âge de 18 ans et dont le dernier rappel date de plus de cinq ans, recevront une dose de vaccin dTcaP en respectant un délai minimal d’un mois par rapport au dernier vaccin dTP », précisent les recommandations HAS. Deux vaccins acellulaires tétravalents (dTcaP) sont disponibles chez l’adulte en France : Repevax et BoostrixTetra. Les autres combinaisons, plus dosées en antigènes, sont réservées aux nourrissons et aux enfants.
Les professionnels concernés sont :
‒ en priorité les professionnels soignants des services de maternité, néonatalogie, de pédiatrie ;
‒ les professionnels de santé en ville (médecins libéraux, kinésithérapeutes, PMI, etc.) ;
‒ les étudiants des filières médicales et paramédicales ;
‒ les professionnels de la petite enfance dont les assistants maternels ;
‒ les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting.
Stratégie du cocooning
« En l’absence de vaccination de la mère au cours de la grossesse, la vaccination est recommandée pour les personnes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant ses six premiers mois de vie », rappelle la HAS. C’est en premier lieu, la vaccination de la mère en post-partum immédiat à la maternité, y compris si elle allaite.
Il est recommandé que l’entourage du nouveau-né (parents, fratrie, grands-parents, etc.) « reçoive une dose de rappel de vaccin dTcaP si la vaccination anticoquelucheuse antérieure date de plus de 5 ans, contre un délai de 10 ans actuellement défini au calendrier vaccinal pour les plus de 25 ans ».
Pour rappel, lorsque la mère a été vaccinée pendant sa grossesse et qu’au moins un mois s’est écoulé entre la vaccination et l’accouchement, il n’est plus nécessaire de vacciner l’entourage proche du nourrisson.
Cas particuliers
‒ La HAS rappelle qu’« il n’y a pas lieu de revacciner les personnes éligibles à la vaccination moins de 10 ans après une coqueluche documentée » et que « la vaccination postexposition n’a aucune efficacité pour la prévention de la coqueluche chez une personne déjà contaminée ».
‒ Par ailleurs, il est préconisé que les professionnels qui ne sont pas au contact des enfants de moins de 6 mois et qui souhaitent adopter une démarche volontaire de rappel puissent bénéficier d’une dose additionnelle si leur dernière injection date de plus de 5 ans.
‒ La HAS souligne que la primovaccination des nourrissons ne doit pas être différée, « même si la mère a été vaccinée durant la grossesse » : première dose dès 8 semaines et la deuxième dose à 4 mois, avec un rappel à 11 mois. Les infections mineures (rhinopharyngite, otite, bronchite ou diarrhée modérée par exemple) et/ou une fièvre de faible intensité ne doivent pas entraîner le report de la vaccination.
Une situation épidémique qui s’emballe ces derniers mois
Depuis le premier trimestre 2024, les cas de coqueluche augmentent sur le territoire. Selon les données du réseau Oscour à l’hôpital, le nombre hebdomadaire de passages aux urgences pour coqueluche a été multiplié par 7 entre la semaine 10 et la 25. Le nombre d’hospitalisations après passage aux urgences est à la hausse, de façon très importante depuis fin avril : un nombre multiplié par 6 entre la semaine 10 (dizaine d’hospitalisation) et la semaine 25 (plus de 60 hospitalisations). Ces chiffres sont très supérieurs à ceux enregistrés au précédent pic en 2017.
Pour les nourrissons, le réseau Renacoq rapporte 80 cas hospitalisés de moins de 12 mois au 26 juin 2024, dont 74 % (n = 59) chez des moins de 6 mois. Les décès rapportés, au nombre de 17, comptent trois adultes de plus de 85 ans, 12 chez des enfants âgés de 1 à 2 mois (pour lesquels l’information relative à la vaccination anticoquelucheuse des mères durant la grossesse n’est pas connue) et un enfant âgé de 4 ans. Le nombre de décès chez les enfants de moins de 15 ans est supérieur à celui rapporté lors du pic de 2017 (10 décès).
La situation épidémique, qui touche aussi plusieurs pays d’Europe, inquiète les autorités, la Direction générale de la santé ayant déjà émis un DGS-Urgent fin juin. Les recommandations de la HAS visent à répondre au contexte d’urgence sanitaire mais ne visent pas à modifier le calendrier vaccinal. L’agence proposera « dans un second temps et en dehors de la situation d’urgence, une actualisation de la stratégie vaccinale contre la coqueluche au regard des nouvelles données disponibles (efficacité des vaccins, schéma vaccinal, durée de protection, populations à risque de forme grave, etc.) », précise-t-elle.
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