« Depuis fin 2021, l’Assurance-maladie prend en main le sujet de l’insuffisance cardiaque », affirme Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse nationale d’assurance-maladie, lors d’une conférence de presse pour présenter sa nouvelle campagne lancée ce 17 septembre. En cette rentrée 2024, l’administration de santé réitère son souhait d’améliorer la structuration du parcours de soins dans l’insuffisance cardiaque (IC), en mettant l’accent sur la sensibilisation du grand public comme des professionnels de santé (PDS).
« Beaucoup de patients insuffisants cardiaques non diagnostiqués font partie des patientèles de médecine générale, mais ce n’est pas un sujet assez abordé en consultation », déplore le Dr Philippe Tangre, médecin-conseil du département des pathologies chroniques de la Cnam. En présence de la Dr Emmanuelle Berthelot, cardiologue à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre et présidente du groupement insuffisance cardiaque et cardiomyopathies de la Société française de cardiologie (SFC), les représentants de la Cnam ont détaillé les défis et actions menées : identifier les patients à risque d’IC, pointer les points de rupture des parcours de soins et améliorer la prise en charge, informer sur la maladie et mettre en place des indicateurs de suivi.
Après les symptômes EPOF, les quatre réflexes EPON
Avec plus de 800 000 patients pris en charge en France, l’IC est aujourd’hui la première cause d’hospitalisation après 65 ans. « Elle représente un coût énorme de 3,1 milliards d’euros, alors qu’une grande part des hospitalisations pourraient être évitées », déplore Marguerite Cazeneuve. En témoigne l’étude IC-PS2 menée par la SFC : environ 50 % des patients hospitalisés pour décompensation d’IC présentaient des symptômes 15 jours avant leur admission et 33 % en présentaient depuis deux mois.
De plus, l’IC souffre d’un sous-diagnostic et d’une méconnaissance du grand public, « c’est le premier défi que nous souhaitons relever », explique la Dr Berthelot. À ce titre, une cinquième vague de la campagne d’information de l’Assurance-maladie sur les symptômes EPOF (essoufflement inhabituel, prise de poids rapide, œdèmes des pieds et des chevilles, fatigue excessive), initiée en 2022, sera diffusée à la télévision et à la radio du 22 septembre au 12 octobre 2024. Quant à la nouvelle campagne grand public, elle portera sur les réflexes EPON (exercice physique, pesée régulière, observance du traitement, ne pas trop saler) pour éviter une décompensation. À ces actions, se rajoutent des actions de la SFC, comme leur campagne nationale de dépistage, la parution d’un livre blanc ou encore le programme des « Outil’IC ».
Coordination territoriale et rôle des CPTS
« Les insuffisants cardiaques sont des patients polypathologiques, ce qui désigne le généraliste comme coordinateur de la prise en charge et ce qui l’engage à faire du dépistage et du diagnostic », explique le Dr Tangre, en insistant sur la problématique du relais ville-hôpital.
Pour la Cnam, les CPTS se sont emparées du sujet depuis quelques années, pour le diagnostic, le suivi et l’accompagnement des PDS libéraux, « bien qu’il reste encore des points de rupture à identifier dans le parcours de soins et son organisation ». La Cnam souhaite ainsi mettre en place au niveau territorial des annuaires de PDS et de structures, des formations professionnelles à l’IC, la création de nouveaux postes à compétences comme les infirmiers spécialisés en IC, des aides et subventions. « Nous devons créer des parcours de soins identifiés et visibles sur tout le territoire », engage le médecin-conseil, sachant que la Cnam déploie « un outil de diagnostic territorial » visant à identifier les points de vigilance et/ou de rupture dans le parcours en ambulatoire à partir de données épidémiologiques.
L’administration s’est également réjouie du succès du service Prado, pour l’hospitalisation à domicile, qui montre de très bons résultats et devra être accélérée. Côté hospitalier, la Dr Berthelot mentionne la création d’unités dédiées au traitement de l’IC (UTIC), avec des PDS spécifiquement formés.
Et les intervenants de la Cnam d’insister sur les nouveaux modèles de prise en charge comme la télésurveillance dans le droit commun depuis juillet 2023, pour la prévention des décompensations et l’amélioration de la qualité de vie, ou encore une mesure de la convention médicale 2024-2029 qui encourage les médecins à orienter vers les infirmiers de pratique avancée.
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