Une université de l'Alabama a annoncé ce 21 février suspendre tous ses traitements relatifs aux fécondations in vitro (FIV) après une décision de la Cour suprême de cet État du sud des États-Unis estimant que les embryons conservés par congélation devaient être considérés comme des « enfants ».
Tout en se disant « attristée » de l’impact de cette suspension sur les patients, l'Université d'Alabama à Birmingham (UAB) considère devoir « évaluer la possibilité que nos patients et nos médecins soient poursuivis pénalement ou soient confrontés à des amendes punitives pour avoir suivi les normes de soin pour les FIV », a-t-elle affirmé.
L'annonce d'UAB intervient quelques jours après la décision de la Cour suprême de l'Alabama de considérer les embryons conservés par congélation comme des « enfants ». Citant à l'appui une loi de 1872 sur les décès de mineurs imputables à une faute, trois couples ont porté plainte contre une clinique pratiquant des fécondations in vitro après qu'un autre patient, en entrant dans un lieu de stockage, eut détruit – vraisemblablement - accidentellement leurs embryons.
Un tribunal avait d'abord écarté la plainte, estimant que les embryons ne pouvaient pas être qualifiés de « personne » ou d’« enfant ». Mais le 16 février, avec une majorité de 7 juges contre 2, tous républicains, la Cour suprême de l'Alabama a au contraire estimé que la loi sur les décès infantiles « s'applique à tous les enfants à naître, sans limite ». « Cela s'applique à l'ensemble des enfants, nés ou à naître », écrit ainsi le juge Jay Mitchell dans le texte de la décision, parsemé de références bibliques.
Tollé dans le monde médical
Resolve, la principale association américaine consacrée à l'infertilité, avait déjà prévenu que ce raisonnement pourrait avoir des « conséquences dévastatrices » pour les procédures de fécondation in vitro, risquant de les rendre impossibles.
L’association médicale de l’État de l’Alabama a fait part de son inquiétude et demande à la Cour de revenir sur sa décision. « Celle-ci, en limitant les options en cas d’infertilité, risque de réduire le nombre de naissances ». Et de craindre que d’autres cliniques suivent l’exemple de l’UAB, le plus grand complexe sanitaire de l’Alabama.
La Maison Blanche a également dénoncé la décision en des termes similaires. « À travers le pays, les femmes en viennent à subir les conséquences dévastatrices des actions des élus républicains », a lancé sa porte-parole, Karine Jean-Pierre. Selon elle, cette décision de la Cour suprême reflète « exactement le genre de chaos auquel on s'attendait quand la Cour suprême a renversé Roe versus Wade », l'arrêt de 1973 instituant le droit à l'avortement. Les démocrates ont fait de la défense du droit à l'avortement l'un de leur cheval de bataille pour les élections de novembre. À l’inverse, Nikki Haley, seule candidate encore en lice pour contester à Donald Trump l'investiture du Parti républicain, a déclaré soutenir la décision de justice de l'Alabama. « Les embryons sont, pour moi, des bébés », a-t-elle dit à NBC News.
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