Vaccination grippe en temps de Covid : les personnes fragiles et les professionnels de santé restent la priorité

Publié le 10/09/2020
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Crédit photo : GARO/PHANIE

« Je pense que c’est un mouvement citoyen cette année d’essayer d’optimiser et d’augmenter le pourcentage de Français vaccinés contre la grippe. » Dans une émission diffusée par RTL ce 10 septembre, le Pr Jean-François Delfraissy, Président du Conseil scientifique, a suggéré que l’amélioration de la vaccination de la population contre la grippe, dont les symptômes peuvent être proches de ceux d’une infection par le SARS-CoV-2, permettrait de simplifier la prise en charge du Covid-19 au cours de l’hiver 2020-2021. 

Si le Pr Delfraissy évoque surtout les soignants et les individus « les plus fragiles », certains professionnels de la santé se positionnent pour une vaccination plus large. Ainsi, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle à vacciner tous les adultes, indique le Télégramme. Dans le même temps, la Société Française de pédiatrie plaide pour que les enfants soient aussi protégés, quand l'Académie nationale de médecine défend la vaccination de toutes les personnes "consultantes". 

Faut-il pour autant vacciner tous les Français ? Doit-on s’attendre à une campagne de vaccination anti-grippale 2020-2021 élargie ou anticipée ?

Une campagne de vaccination "classique" 

Interrogées par Le Généraliste, la DGS et la Cnam confirment qu’à l’heure actuelle, conformément aux recommandations émises par la HAS en juin 2020, il est prévu que la vaccination antigrippale suive une stratégie classique.

Autrement dit, les personnes à risque de complications (personnes de plus de 65 ans, individus atteints de maladies chroniques, femmes enceintes, individus en situation d’obésité, nourrissons de moins de 6 mois à risque et leur entourage, sujets immunodéprimés et leur entourage) et les professionnels de santé – ainsi que « tous les professionnels en contact régulier et prolongé avec des personnes à risque de grippe sévère  » – resteront les populations cibles de cette saison de vaccination antigrippale. « Son élargissement à d’autres populations n’est […] pas justifié actuellement », selon la HAS. À noter que la HAS prévoit que les personnes contacts possibles d’un cas de Covid-19 éligibles à la vaccination voient l’administration de leur vaccin reporté « à l’issue de la quarantaine de 14 jours recommandée en l’absence d’apparition de symptômes ».

À moins que la situation épidémiologique n’évolue fortement d’ici au début de l’automne, cette campagne de vaccination devrait par ailleurs être lancée, comme l’année dernière, à la mi-octobre (vraisemblablement le 13 octobre, d’après la Cnam).

Augmenter la couverture vaccinale des populations cibles 

En revanche, l’augmentation de la couverture vaccinale dans les populations cibles devrait constituer un enjeu important et inédit de la campagne 2020-2021, comme le soulignait déjà la HAS à la fin du printemps. « Malgré les campagnes de vaccination annuelles, la couverture vaccinale dans ces populations reste très insuffisante, bien en deçà de l’objectif de 75 % fixé par l’Organisation mondiale de la santé », rappelle l’autorité sanitaire.

D’où un nombre important de passages aux urgences et d’hospitalisations, qui devra être abaissé cette année afin de limiter le risque de tension sur le système de santé impacté par la pandémie actuelle.

Mais éviter une tension du système de santé liée à l’évolution concomitante de deux épidémies n’est pas le seul objectif de la vaccination, suggère Serge Gilberg, Professeur de médecine générale à la faculté de médecine de Paris-Descartes. À l'échelon individuel, le but est aussi de limiter au maximum les co-infections par le virus de la grippe et celui du Covid-19 dont « on ne connaît pas encore les effets sur la santé », explique-t-il. 

Au moins 13 millions de doses commandées 

Reste à savoir si le nombre de vaccins disponibles sera suffisant. D'après la DGS, 13 millions de doses ont été commandées « soit davantage que ce qui a été utilisé la saison passée ». Selon le Pr Élisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations auprès de la Haute Autorité de santé (HAS), ce nombre aurait même été porté à 15 millions de doses, comme le rapporte le quotidien du pharmacien

Irène Lacamp

Source : lequotidiendumedecin.fr