En matière d’addiction, les comportements à risque adoptés par les adolescents européens évoluent : en 2018 et 2019, les jeunes de 15 à 16 ans auraient consommé moins de tabac ou d’alcool que les années précédentes pour s’intéresser à de nouveaux produits et de nouvelles pratiques en ligne, suggèrent les résultats de la dernière enquête Espad (European School Survey Project on Alcohol and other Drugs) publiés ce jeudi 12 novembre.
D’après cette investigation menée en collaboration avec l’Union européenne régulièrement depuis plus de 20 ans, la diminution de l’usage de produits courants tels que le tabac et l’alcool amorcée dans les années 2000 s'est en effet poursuivie jusqu’en 2019. Cette année-là, moins de 80 % des près de 100 000 adolescents interrogés ont en effet déclaré avoir déjà bu de l’alcool, contre près de 90 % en 1995. De même, au sein de la classe d’âge étudiée, le nombre de fumeurs quotidiens aurait diminué de moitié depuis le milieu des années 1990.
Mais si les conclusions de l'étude apparaissent plus mitigées concernant l'usage du cannabis - la consommation de cette drogue, qui aurait fortement augmenté depuis 1995, tendrait depuis 2011 à diminuer légèrement, ou, du moins, à se stabiliser - , d'autres pratiques plus nouvelles sont pointées dans le rapport. En particulier, l’émergence de la cigarette électronique et l’enthousiasme des adolescents pour les jeux en ligne.
Le vapotage expérimenté par près de 50 % des adolescents
Face au développement progressif de l’usage de cigarettes électroniques et de e-liquides contenant de la nicotine et « susceptibles de créer une dépendance forte » parmi les populations sensibles, l’enquête Espad s’est en effet penchée pour la première fois sur la diffusion de ce type de produits chez les adolescents.
Résultat : 4 élèves de 16 ans sur 10 déclarent avoir déjà vapoté. A noter que pour la France, qui se situe légèrement au-dessus de la moyenne européenne, plus de 15 % des adolescents interrogés admettent avoir utilisé une cigarette électronique dans le mois. Dans la plupart des pays participants, les garçons sont par ailleurs les plus nombreux à vapoter.
Près de 95 % des adolescents sur les réseaux sociaux
De même, la démocratisation, au cours des trois dernières décennies, des technologies numériques suspectées de provoquer des effets négatifs sur la santé des adolescents (troubles du sommeil, anxiété, dépression et surtout risque de dépendance) a mené les chercheurs à s’intéresser aux conduites potentiellement addictives adoptées par les adolescents utilisateurs de réseaux sociaux et de jeux en ligne.
Plus de 90 % des élèves interrogés ont déclaré avoir utilisé les réseaux sociaux au cours de la semaine écoulée, et ce en moyenne 2 à 3 heures une journée d’école, et plus de 6 heures les autres jours.
Et si les filles semblent utiliser légèrement plus ce genre de médias que les garçons, ces derniers passeraient deux fois plus de temps qu'elles à jouer à des jeux vidéos, également utilisés par la majorité des adolescents (60 % lors d’une journée d’école ordinaire, et près de 70 % un jour sans classe). Plus inquiétant : les jeux d’argent et de hasard, en pleine libéralisation et aisément disponibles sur smartphone et sur tablette, se seraient également popularisés parmi les élèves européens. Ainsi, environ 8 % des adolescents interrogés auraient joué en ligne pour de l’argent en 2019.
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