Virus Monkeypox

Variole du singe : après un premier cas français, les autorités précisent les signes qui doivent alerter

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Publié le 20/05/2022
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Après le Royaume-Uni, le Portugal, et plus récemment la Suède, le Canada, les États-Unis, l'Italie ou encore la Belgique, la France a également détecté un cas humain de variole du singe. Les autorités appellent à la vigilance.

Le virus Monkeypox arrive en France. C’est ce qu’a indiqué le ministère de la Santé ce 20 mai. En effet, selon l’instance, un premier cas français d’infection par ce virus de la variole du singe a été confirmé dans la soirée du 19 mai. Et ce, chez « un homme de 29 ans » résidant en Île de France.

Concernant la sévérité de ce cas, le ministère de la Santé rassure. « En l’absence de gravité, (la personne touchée) est isolée à son domicile. » Cependant, ce qui interpelle, c’est que le patient concerné ne présente aucun « antécédent de voyage dans un pays où circule le virus ». Autrement dit, que ce cas n’est pas importé. Une caractéristique commune avec d’autres cas signalés ces derniers jours à l’étranger.

Des cas détectés de façon concomitante dans plusieurs pays du nord

En fait, comme l’a expliqué Alexandra Mailles, épidémiologiste de Santé publique France lors d’un point presse organisé ce matin par l’agence, le monkeypox est un orthopoxvirus – famille de l’agent de la variole – connu en Afrique depuis les années 1950 pour infecter les singes. Des transmissions à l’être humain sont documentées depuis les années 1970, principalement dans les pays du bassin du Congo, au Nigeria et au Cameroun. « En 2017, une épidémie de grande importance s’est même déclarée au Nigeria », se souvient l’épidémiologiste. Depuis, un nombre « substantiel » de cas continuait d’être enregistré dans la région. Et des cas importés étaient sporadiquement observés au Royaume-Uni, mais aussi en Israël, à Singapour ou aux États-Unis. Avec souvent quelques cas secondaires, « mais pas d’épidémie », précise Alexandra Mailles.

Ce mois de mai, la donne semble avoir changé. Car plusieurs cas ont été identifiés coup sur coup dans un certain nombre de pays du Nord : d’abord au Royaume Uni, puis au Portugal, mais aussi en Italie, en Belgique, en Suède, au Canada, aux États-Unis et désormais en France. Et hormis le premier cas identifié au Royaume-Uni, aucun n’apparaît importé. « Une situation inédite, qui constitue une alerte », souligne Alexandra Mailles.

Les HSH, cible préférentielle du virus ?

Autre élément nouveau qui interroge Santé publique France et pousse à interpréter ces cas de monkeypox comme un signal : la population la plus touchée. « Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) représentent une part importante (des cas identifiés) », affirme Alexandra Mailles. En fait, reste à comprendre les raisons de cette susceptibilité particulière des HSH, et de la confirmer – car il pourrait exister un biais lié au fait que l’alerte a d’abord été donnée dans cette communauté, alors plus testée. D’autant que d’autres publics sont aussi touchés. « Au Royaume-Uni, (deux des premiers cas) détectés le week-end dernier concernaient une femme et son enfant nouveau-né », rappelle Alexandra Mailles.

D’autres zones d’ombre sont encore à éclaircir. À commencer par l’étendue de la diffusion du virus. « Chez le cas le plus ancien – détecté au Royaume-Uni –, le début des signes est daté au 17 avril », indique l’épidémiologiste, selon qui la situation évolue sans doute déjà « depuis plusieurs semaines ».

En outre, les caractéristiques cliniques et épidémiologiques du virus méritent d’être précisées. En effet, si selon Alexandra Mailles, l’expérience africaine évoque une létalité d’1 à 10 %, pour le moment, les cas détectés en Europe et en Amérique du Nord semblent majoritairement bénins, aucun décès n’ayant pour l’heure été recensé. De plus, si la transmissibilité apparaît moins importante qu’avec le Covid-19 ou même la variole son taux de reproduction (R0) reste à préciser. De fait, le recul africain peine à apporter des réponses en la matière. « Car les épidémies décrites jusqu’à présent (…) étaient liées à une double transmission, zoonotique et interhumaine secondaire », précise Alexandra Mailles.

Une éruption cutanée unique suivant des symptômes généraux

Ainsi, les autorités sanitaires notamment françaises se mobilisent pour suivre la situation. En effet, est conduite autour du cas français « une enquête épidémiologique approfondie ». « Les personnes ayant été en contact étroit avec ce patient sont en cours de recensement », assure le ministère de la Santé. Plus généralement, si les infections par des orthopoxvirus font, en France, l’objet d’une déclaration obligatoire, « la surveillance de ces infections est renforcée par Santé publique France ». « Des messages d’informations et d’alerte sont adressés aux professionnels de santé », ajoute l’agence de Santé publique. Un DGS-Urgent a été diffusé dès hier soir pour appeler les professionnels de santé à la « vigilance » et les informer de l’élaboration récente d’une « définition de cas ».

En pratique, le message rappelle aussi les principales caractéristiques de l’infection : « après une période d’incubation pouvant aller de 5 à 21 jours, l’infection débute par de la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires, une asthénie, (…) (des) adénopathies (cou, face...) (…) volumineuses », détaille la DGS. « Dans les 1 à 3 jours (parfois plus) suivant l'apparition de la fièvre, le patient développe une éruption cutanée, qui commence souvent sur le visage puis peut s’étendre à d'autres parties du corps », ajoute l’instance. Les HSH récemment infectés déclareraient d’ailleurs une prédominance de ces lésions dans la zone génitale. Les autres muqueuses ainsi que les paumes des mains et les plantes des pieds peuvent être atteintes, avec une évolution en une seule poussée. Ce qui permet de distinguer la variole simienne de la varicelle, par exemple.

Les personnes symptomatiques contagieuses

En outre, la DGS souligne que les personnes infectées deviennent contagieuses à l’apparition des symptômes – et le restent jusqu’à ce que leurs « croûtes tombent », soit après une maladie de généralement 2 à 3 semaines. Cette transmission se fait, par des gouttelettes respiratoires (contact respiratoire prolongé), par contact direct avec des lésions ou des liquides biologiques, mais aussi via « des vêtements, du linge de maison ou de la vaisselle contaminés ». Des paramètres à prendre en compte lors de l’isolement des cas.

Pour plus de détails concernant les mesures de protection et la prise en charge des personnes touchées, la DGS conseille de consulter une « fiche réflexe » élaborée par la Coordination opérationnelle sur les risques épidémiques et biologiques (Coreb)


Source : lequotidiendumedecin.fr