Seringues en prison : le décret qui inquiète les matons

Publié le 10/01/2017
prison drogue

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Après la polémique sur les "salles de shoot", la controverse se déplace sur le milieu carécéral. Un projet de décret consécutif à la loi de modernisation du système de santé prévoit en effet la distribution de seringues aux détenus toxicomanes dans l'enceinte des prisons françaises. Le texte dispose que "des matériels et outils, ne peuvent être distribués, utilisés ou détenus que dans les locaux sanitaires de l'établissement". Il prévoit aussi, par dérogation, l'utilisation de ces outils en cellule, à des conditions strictes : si le détenu est en cellule individuelle dans un établissement où le taux d'occupation est inférieur ou égal à 100 % et sous réserve de l'autorisation du chef d'établissement, en accord avec un représentant de l'unité sanitaire.

Actuellement, les détenus toxicomanes ont accès à des produits de substitution (subutex, méthadone) administrées par voie orale. L'introduction de seringues suppose que les détenus puissent venir à l'infirmerie avec des drogues injectables. Le décret vise à réduire les risques d'infection (VIH, Hépatite virale) en détention. Pour le ministère de la Justice, qui devrait cosigner ce texte avec le ministère de la Santé, le décret en préparation "vise à réduire les risques d'infection en détention, en application de la loi. On n'introduit aucune nouvelle substance en détention, on ne fait que mettre à disposition des outils, de façon très encadrée", a précisé la chancellerie.

Scepticisme des syndicats et de la droite

Cependant, cette nouvelle mesure d'encadrement ne fait pas l'unanimité auprès des syndicats de personnel pénitentiaire. Jean-François Forget, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice, principal syndicat de surveillants, y voit un certain danger : "Ce décret prévoit de permettre aux détenus de se shooter en ayant accès à des seringues à l'infirmerie et, pire, de mettre à disposition des seringues en cellule individuelle. C'est tout simplement hors de question". Même écho chez FO-Pénitentiaire, vent debout contre l'introduction de "salle de shoot" en milieu carcéral. Plus nuancé, Christopher Dorangeville de la CGT-Pénitentaire salue une "indubitable avancée sanitaire" en prison où "la drogue circule", mais s'inquiète de "garde-fous insuffisants" face à "l'arrivée des seringues jusque dans les cellules".

Dans un communiqué, Thierry Solère, porte-parole de François Fillon, a dénoncé ce texte, précisant que, selon lui, distribuer des seringues en prison reviendrait à "créer des salles de shoot". "Présentée comme une mesure de santé publique, c'est en réalité une mise en danger de la vie des personnels pénitentiaires et même des détenus", a-t-il insisté dans un communiqué.


Source : lequotidiendumedecin.fr