« Nous demandons à tous nos collègues d’informer les patientes et les centres de vaccination sur la possibilité d’une vaccination après le premier trimestre de la grossesse chez toutes les femmes enceintes qui le souhaitent ». Dans un communiqué publié hier, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et le Groupe de recherche sur les infections pendant la grossesse (GRIG) appellent une nouvelle fois à élargir la vaccination aux femmes enceintes. Face au flou qui demeure sur cette question, les deux sociétés savantes craignent que ces patientes, pourtant plus à risque que la population générale, soient laissées pour compte.
Les femmes enceintes à risque éligibles à la vaccination...
De leur côté les autorités sanitaires temporisent et jouent la carte de la prudence, même si un pas a été fait récemment dans le sens d’une vaccination des patientes les plus à risque. Sans avoir totalement écarté le principe, la HAS répète depuis le début de la campagne que la vaccination des femmes enceintes « ne doit être envisagée que si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques pour la mère et le fœtus », faute notamment de données spécifiques sur l’efficacité et la sécurité du vaccin dans cette population. Un "ni oui-ni non" perçu comme une contre-indication au moins relative à la vaccination.
Dans son avis du 2 mars, l’autorité de santé a cependant légèrement amendé sa position en indiquant noir sur blanc que « malgré l’absence de données suffisantes au cours de la grossesse, l’administration des vaccins contre le Covid-19 chez la femme enceinte n’est pas contre-indiquée ». En particulier, « les femmes enceintes de plus de 35 ans ou celles présentant d’autres comorbidités comme l’obésité ou le diabète ou les femmes enceintes susceptibles d’être en contact avec des personnes infectées du fait de leur activité professionnelle pourraient se voir proposer la vaccination ».
Un changement de ton lié notamment à de nouvelles données surtout issues d’une étude américaine qui « indiquent désormais que la grossesse est un facteur de risque indépendant de développer des formes graves qu'il s'agisse des hospitalisations ou des décès associés à la Covid-19 », rapporte la HAS. Par rapport aux autres femmes en âge de procréer, les femmes enceintes auraient en particulier près de deux fois plus de risque de décéder et trois fois plus de risque d’être hospitalisées en soins intensifs ou d’avoir besoin de ventilation mécanique assistée.
... mais pas listées dans les publics prioritaires
«Si la HAS a effectivement clarifié son positionnement, se réjouit le Pr Olivier Picone, signataire du communiqué, il persiste une ambiguïté, regrette-t-il, puisque la HAS affirme que l’on peut vacciner face à des comorbidités mais que les femmes enceintes ne figurent pas de façon explicite dans la liste des publics à vacciner prioritairement ». D'où un risque que des professionnels de santé, du fait d’une information peu claire, refusent la vaccination à des femmes enceintes qui y seraient en fait éligibles.
En pratique, le Pr Picone appelle donc à conseiller la vaccination aux patientes enceintes, et surtout à celles qui présentent des comorbidités, ou des facteurs de risque, conformément à la position de la HAS. Le tout en privilégiant si possible, comme le préconisent les autorités sanitaires, les vaccins à ARNm de Pfizer et de Moderna – le vaccin à vecteur viral d’AstraZeneca provoquant de la fièvre.
Une position partagée par l’Académie de Médecine qui a invité la semaine dernière à « vacciner toute femme enceinte professionnellement ou familialement exposée, ou porteuse d’une comorbidité (âge >35 ans, IMC >25, HTA, diabète) ».
En termes de tolérance, même si les données disponibles sont encore très partielles, « il n’y a à ce jour aucun argument pour penser que les vaccins mentionnés peuvent induire un effet délétère fœtal », indique le communiqué des gynécologues. De fait, les vaccins anti-covid-19 ne sont pas des vaccins vivants atténués (contre-indiqués chez la femme enceintes), et aucun effet indésirable inattendu n’a pour le moment été observé chez l’animal ou dans les pays ayant ouvert la vaccination aux femmes enceintes comme les Etats-Unis ou Israël. Toutefois « une injection pendant le premier trimestre de grossesse est à éviter de principe ».
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