En amont de son rapport qui sera publié en juin sur les chiffres du cancer en France, l’Inca présente des « données clés » qui sont volontairement centrées sur la question de la participation au dépistage colorectal et sur les risques cancérigènes de la consommation d’alcool.
Les généralistes ne seront plus les seuls à distribuer le test immunologique
Le principal volet du communiqué de l’Inca concerne l’insuffisance du taux de participation au dépistage du cancer colorectal.
Le test immunologique de dépistage a démontré ses bonnes performances. Selon une évaluation conduite par Santé publique France, sur une période de 8,5 mois en 2015 (14 avril au 31 décembre), le programme a permis de détecter près de 4 300 cancers, soit 2,4 fois plus par rapport au test précédent, et près de 17 000 adénomes avancés (+3,7 fois par rapport au test au Gaïac).
Au niveau national, la participation a atteint seulement 28,6 % en 2016. Un taux bien en deçà du seuil minimum de 45 % recommandé au niveau européen.
Cette participation varie selon les départements. L’Ille-et-Vilaine est le meilleur élève avec 47 % tandis que la Corse plafonne à 9,4 %. L’Inca explique ces disparités par la variation des périodes de transition en 2015 entre le passage du test au Gaïac vers le test immunologique. « La reprise de l’envoi des invitations ne s’est pas opérée de façon homogène sur tout le territoire. Aussi, on note une participation plus élevée dans les départements ayant réactivé cet envoi plus tôt dans l’année et dans ceux ayant mis en place des stratégies complémentaires de remises de kits », commente l’institution.
Du coup, l’Institut travaille sur des évolutions du programme et notamment sur la diversification des modalités de mise à disposition du test auprès de la population cible, comme cela avait déjà été évoqué. L’arrêté publié le 22 mars 2018 est une première étape. Il prévoit une extension du mode de diffusion « aux gynécologues, aux hépatogastroentérologues, aux médecins d’un centre d’examen de santé du régime général de l’assurance maladie ». Il autorise aussi l’envoi direct du kit lors de la seconde relance lorsque « la personne a participé au moins à l’une des trois précédentes campagnes de dépistage organisé du cancer colorectal ».
Pas de seuil pour la consommation d’alcool
L’agence affirme par ailleurs qu'une consommation même faible d’alcool augmente la morbidité et la mortalité par cancer. Ce n’est pas seulement l’abus d’alcool qui est dangereux pour la santé, c’est l’alcool tout court !
Parmi les 7 localisations de cancers attribuables à la consommation d’alcool, le cancer du sein est le plus fréquent avec 8 081 cas en 2015. Près de 28 000 nouveaux cas de cancers en France en 2015 étaient attribuables à sa consommation soit 8 % des nouveaux cas de cancers toutes localisations confondues.
L’alcool est ainsi le 2e facteur de risque de cancers évitables après le tabac. Les résultats de la modélisation française montrent que le risque absolu de mortalité attribuable à l’alcool augmente plus rapidement chez les femmes que chez les hommes.
Pour l’Inca, « les effets délétères de l’alcool sur la santé et sur la survenue des cancers restent sous-estimés par la population. » Selon les premiers résultats du baromètre cancer 2015, les opinions sur la dangerosité de l’alcool ont évolué entre 2005 et 2015. Tandis que les croyances sur le rôle néfaste d’un type d’alimentation ou de la pollution sur le risque de cancer s’installent, le baromètre révèle une importante mise à distance du risque de cancers concernant l’alcool.
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