Dépistage organisé du cancer du sein : le CNGE dénonce une information « tronquée »

Publié le 05/10/2016
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Crédit photo : SPL/PHANIE

L’annonce de la refonte par Marisol Touraine du programme de dépistage organisé du cancer du sein prête décidément à polémiques, impliquant tour, à tour, le CNGE et la FMF.

Ainsi, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) vient, dans un communiqué, de dénoncer  une « information tronquée des femmes sur le dépistage organisé du cancer du sein ».  

D’après cette instance en effet, les documents à la disposition des femmes âgées de 50 à 74 ans pour promouvoir ce dépistage par mammographie «  ne répondent pas aux exigences éthiques et légales » d’une intervention médicale qui doit être accompagnée d’une information complète sur ses bénéfices et ses risques.

Le Collège rappelle en conséquence  les données sur le rapport bénéfices-risques du dépistage organisé, que les candidates au dépistage devraient connaître, avant de se décider. Ainsi, pour éviter un décès par cancer du sein, il est nécessaire de dépister 1000 femmes tous les 2 ans pendant dix ans.

Le Collège évoque également le problème des faux positifs, puisque 100 d’entre ces femmes auront une mammographie positive suivie d’une biopsie sans cancer. Et cinq atteintes d’une tumeur finalement non évolutive auront subi une ablation du sein ou une radio/chimiothérapie.

Enfin, le surdiagnostic doit faire, selon lui,  partie de l’information délivrée. Sur 10 000 sujets de plus de 50 ans, invitées au dépistage mammographique tous les 3 ans pendant 20 ans, 681 cancers sont détectés, dont 129 sont des surdiagnostics et 43 décès sont évités.

Le CNGE met l'accent sur le fait que si les documents officiels parlent de 15 à 20% de réduction du risque relatif décès spécifique (sur 1000 femmes suivies par dépistage organisé,  quatre décès surviendront contre cinq chez 1000 femmes non suivies), ils devraient aussi mentionner la réduction du risque absolu de décès spécifique. Ce qui signifie que sur 10 000 femmes dépistées, 9990 ne tireront pas de bénéfice de ce dépistage et seules dix en bénéficieront.

Ces résultats doivent donc, selon le Collège, « encourager la décision médicale partagée avec les femmes, afin qu’elles choisissent de participer (ou non) au dépistage.

Quant la FMF, elle n’est pas en reste dans le débat sur le dépistage, mais sur le versant politique. Elle souligne, dans un communiqué, « l’ineptie sanitaire que représente la ROSP, au moment où le ministère de la santé remet en cause le dépistage organisé du cancer du sein ». Dans le contexte actuel, le syndicat va jusqu'à exiger que cet indicateur soit retiré.

 

Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr