Aux États-Unis en septembre dernier, les premiers cas de toxicité pulmonaire, dont certains mortels, rapportés à l’utilisation de cigarettes électroniques ont mis le feu aux poudres. À la date du 31 octobre 2019, 1 888 personnes étaient concernées et les Américains déploraient dont 37 décès. Dans 75 à 80 % des cas, regroupés en 2019 sous le terme EVALI pour E-cigarette, or Vaping, product use Associated Lung Injury, ces liquides étaient fabriqués ou achetés hors du commerce officiel et contenaient des huiles de cannabis, du cannabis synthétique voire de l’acétate de vitamine E, des produits interdits en Europe.
Depuis septembre, la défiance vis-à-vis du vapotage n’a cessé de grandir. Au point que la société européenne de Pneumologie a récusé l’usage de l’e-cigarette et du tabac chauffé lors de son congrès annuel. " Don't smoke, don't vape" scandait-elle. Les pneumologues français ont à leur tour durci le ton en appelant à proscrire le vapotage sauf pour le sevrage tabagique, en seconde intention. Une position plus nuancée a été adoptée par la société francophone de tabacologie qui a plutôt conforté l'utilité potentielle de la vape dans le sevrage tabagique, tout en appelant les usagers à rester vigilants vis-à-vis des liquides utilisés.
Priorité aux preuves scientifiques
Les deux sociétés savantes françaises viennent d’accorder leurs violons en rédigeant un document commun sur le sujet. Tout en reconnaissant l'intérêt de la cigarette électronique en tant que probable aide efficace au sevrage, elles valident les substituts nicotiniques, la varénicline et le bupropion en première intention, avant l’utilisation de la vape.
« L’innocuité de la cigarette électronique, même bien utilisée, ne peut être affirmée », estiment les spécialistes, même si le potentiel de toxicité de la cigarette électronique utilisée dans les conditions autorisées en France paraît très inférieur à celui du tabac fumé. « De ce fait, son utilisation est préférable à la consommation de tabac, en l’état actuel des connaissances », estiment les experts.
En France, les liquides pour cigarettes électroniques sont enregistrés 6 mois avant leur commercialisation à l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail). Ils sont composés : d’un solvant organique (propylène glycol (PG) et/ou VG (glycérine végétale)), d’une préparation aromatisante avec – ou pas - de la nicotine à la concentration maximale de 20 mg/mL. Acheter un liquide répondant à la hors norme AFNOR est une précaution. Selon l’ANSES, aucun des liquides commercialisés en France ne poserait de problème sanitaire.
La cigarette électronique, un outil transitoire d'aide au sevrage
Par ailleurs, puisque la simple réduction de consommation de tabac ne réduit pas le risque, l’objectif est son arrêt complet. C’est pourquoi les "vapo-fumeurs" (40,7 % des utilisateurs fumaient du tabac chaque jour en 2018, en plus de la cigarette électronique) devraient être mieux substitués en nicotine par ajout de patchs et optimisation de la prise de nicotine par la cigarette électronique.
En cas de consommation de cigarette électronique au-delà de 12 mois après l’arrêt du tabac, l’arrêt de la cigarette électronique est conseillé, uniquement s’il n’existe aucun risque de retour au tabac. Chez les fumeurs sevrés du tabagisme grâce à la cigarette électronique, un avis médical est recommandé en cas de dépendance persistante à la nicotine.
Concernant les malades respiratoires chroniques, les spécialistes privilégient un des traitements médicamenteux recommandés et remboursés en France (substituts nicotiniques, varénicline) à la cigarette électronique.
Ils préconisent enfin d’interdire le vapotage dans les lieux publics ainsi que la vente des cigarettes électroniques et liquides aux mineurs. « Des points d’évaluation réguliers doivent être mis en place par les autorités de santé et les sociétés savantes concernées », concluent-ils.
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