De toutes les vaccinations inscrites au calendrier vaccinal, celle contre le HPV reste parmi les plus discutées et suscite encore beaucoup d’hésitations, y compris chez certains généralistes. D’aucuns s’interrogent sur la sécurité de ce vaccin tandis que d’autres dénoncent un lobbying excessif qui brouille le propos scientifique.
Dans ce contexte, le Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE) vient de publier un communiqué qui fait le point sur les données actuelles de la science quant à la vaccination HPV des jeunes filles. À mot couvert le collège s’inscrit en faveur de cette vaccination tout en incitant les médecins à la décision partagée.
Sécurité : "des données rassurantes"
Après avoir rappelé la morbi-mortalité imputable aux HPV, le Conseil Scientifique du collège écarte les doutes sur la sécurité du vaccin. « Les données de sécurité disponibles depuis 2006 sont rassurantes » indique le communiqué. Et si « une large étude épidémiologique française a observé un risque de survenue de 1 à 2 cas de syndrome de Guillain-Barré pour 100 000 jeunes filles vaccinées », « d’autres études de cohortes sur plusieurs millions de doses délivrées n’ont pas constaté ce lien ». Par ailleurs, « il n’y a aucun signal pour les autres pathologies auto-immunes » ajoute lje Pr Serge Gilberg, membre du CNGE et co-signataire du communiqué. Alors que des millions de femmes ont été vaccinées, « c’est le premier vaccin pour lequel nous disposons d’autant d’études de safety après commercialisation », ajoute le Pr Gilberg tout en reconnaissant que la plupart concernent le Gardasil 4 et non le Gardasil 9 actuellement recommandé.
Concernant l’efficacité, « du fait de l’évolution lente des cancers cervico-utérins (CCU) liés à une infection par les HPV, il n’y a pas encore de données permettant de connaitre l’impact de cette vaccination sur la réduction de l’incidence et de la mortalité liées aux (CCU) », indique le collège. En revanche, « nous avons déjà des données sur des critères intermédiaires qui sont loin d’être négligeables puisqu’elles montrent un impact sur les lésions précancéreuses de haut grade ce qui est quand même prometteur et laisse espérer une baisse d’incidence des cancers » explique la Pr Gilberg. À l’heure actuelle, il a été démontré que la vaccination anti-HPV réduisait significativement l’incidence des lésions précancéreuses de haut grade CIN2+ et des condylomes. « Toutefois, même si plusieurs études de cohorte ont suggéré un impact de la vaccination sur l’incidence des lésions de haut grade CIN3, aucun essai randomisé de taille suffisante n’a confirmé ce bénéfice y compris sur les adénocarcinomes in situ » nuance le communiqué.
Décision partagée
Au total, le CNGE dresse donc un tableau plutôt positif qui plaide en faveur de la vaccination des jeunes filles.
Pour autant, si les clignotants semblent plutôt au vert, le CNGE appelle à « une information claire et complète [des patientes] sur le papillomavirus et sur le vaccin [afin] d’améliorer le processus de décision partagée vis-à-vis de la vaccination ».
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