Comme chez les femmes en âge de procréer, l’utilisation de valproate devra-t-elle aussi être davantage encadrée chez les hommes susceptibles de devenir pères ? C’est ce que laisse entendre l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui communique ce 16 mai des données de sécurité potentiellement inquiétantes.
Depuis la mise en évidence de troubles malformatifs mais aussi neurodéveloppementaux chez les enfants exposés in utero à au valproate, des mesures très strictes ont été mises en place pour encadrer et restreindre l'usage de cette molécule chez les femmes en âge de procréer et les femmes enceintes. Par ailleurs, des travaux supplémentaires ont été conduits, les effets indésirables de ce médicament étant passés au peigne fin. « En 2018, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a demandé que les laboratoires pharmaceutiques commercialisant les médicaments contenant du valproate ou un de ses dérivés mènent des études visant à mieux caractériser les risques », rappelle l’ANSM. Dans ce cadre, avait alors été commandée une évaluation des « risques malformatifs et neurodéveloppementaux chez les enfants dont le père avait été traité par valproate (…) avant la conception », détaille l’agence française.
Risque de troubles de neurodéveloppementaux de 5 à 6 % environ
Ainsi, une étude observationnelle a été conduite « sur la base de plusieurs registres scandinaves (Norvège, Suède et Danemark) sur une longue période », indique l’ANSM. Plus précisément, les auteurs ont comparé le risque de troubles neurodéveloppementaux d’enfants dont le père a reçu du valproate dans les trois mois précédant la conception, par rapport à celui d’enfants dont le père a été traité par d’autres médicaments – lamotrigine ou lévétiracétam, précise l’ANSM.
Résultat : l’étude suggère « une augmentation du risque de troubles neuro-développementaux, comme des troubles du spectre autistique, chez les enfants dont le père a été exposé au valproate ». Selon l’ANSM, a été retrouvé un risque de troubles neurodéveloppementaux de 5,6 à 6,3 % chez les enfants issus de pères exposés au valproate – contre 2,5 à 3,6 % chez les autres.
Pas de mesure de sécurité pour le moment
Des chiffres certes sans commune mesure avec ceux observés après exposition maternelle au valproate – avec un surrisque de 30 à 40 % de survenue de troubles neuro-développementaux chez l'enfant – mais suffisamment marquants pour que l’ANSM « souhaite (les) partager dès à présent ». « Si (ces résultats) étaient confirmés, ils pourraient conduire à de nouvelles mesures de sécurité », juge le régulateur.
Toutefois, ces données restent insuffisantes pour prendre dès à présent de telles mesures. « Les limites de cette étude ne permettent pas à ce stade de conclure sur (le) risque (de troubles neurodéveloppementaux associés à une exposition paternelle) », déplore l’ANSM, sans plus de précision. Ainsi, « des données complémentaires ont été demandées aux laboratoires par l’EMA et une évaluation européenne est en cours », rapporte l'agence du médicament française.
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