VIH : le dépistage en hausse et la séropositivité en baisse

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Publié le 26/11/2019
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Crédit photo : SCIEPRO/SPL/PHANIE

La bonne nouvelle est qu’en France, l’activité du dépistage augmente, tandis que le nombre de nouveaux cas de séropositifs diminue. C’est le bilan majeur établi par le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) de Santé publique France à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida (1er décembre). Ainsi en 2018, 5,80 millions de sérologies ont été effectuées, soit + 11 % par rapport à 2013 ; alors que le taux de positivité a lui diminué de 13 %. D’après le BEH, un tel résultat « peut refléter une diminution du nombre de personnes infectées non diagnostiquées et/ou une diminution de l’incidence depuis plusieurs années ». Une baisse des nouveaux diagnostics est aussi observée en Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, etc.

Des stratégies ciblées

Le BEH revient sur les bénéfices de certaines stratégies ciblées, comme celle recommandée à une population parmi les plus touchées par le VIH : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Les résultats de l’enquête ‘Rapport au sexe’ (ERAS) montrent que les HSH ont désormais un usage plus important de ce dépistage souvent combiné à d’autres initiatives comme l’utilisation du traitement prophylactique pre-exposition PrEP. Dans ce travail ont été inclus 33 661 HSH ayant eu au moins un rapport sexuel avec un homme dans les douze mois et ne se déclarant pas séropositifs. Ainsi, le taux de répondants ayant réalisé au minimum trois tests de dépistage est passé de 15 % en 2017, à 20 % deux ans plus tard. Et en 2017, 17 % d’entre eux n’avaient jamais réalisé de test, contre 15 % en 2019. D’après le BEH, si l’usage de la PrEP contribue à cette augmentation du dépistage, « cette tendance est également observée chez les HSH non-usagers de la PrEP ».

Dans l’éditorial du BEH, Valérie Delpech, responsable au Royaume-Uni du « VIH surveillance and monitoring, Public Health England » souligne l’importance de la PrEP comme un pilier « désormais crucial de la prévention. La France est un leader mondial concernant l’utilisation de la PrEP parmi la communauté LGBTI (…). L’approche de prévention combinée incluant des programmes ‘Test and Treat’ et PrEP est la stratégie du succès ».

Pour favoriser ce dépistage chez les HSH multipartenaires, en 2018 Santé publique France a promu le programme MemoDépistages qui propose un kit d’auto-prélèvement pour effectuer le dépistage du VIH, mais aussi VHC, VHB, chlamydia, gonocoque et la syphilis. Parmi les 7 158 hommes éligibles auxquels un kit d’auto-prélèvement a été proposé, près de 30 % l’ont utilisé (citadins, familiers des lieux de convivialité gays) pour réaliser au moins l’un des quatre prélèvements proposés. Cette stratégie d’auto-prélèvement se met aussi en place dans différentes villes du Royaume-Uni.

Près d'un tiers à un stade avancé

Néanmoins, le BEH tempère les bons résultats sur la lutte contre le VIH, en soulignant qu’en matière de dépistage, il faut aller plus loin pour une mise en pratique plus efficace ! Si près de 90 % des personnes se disent en faveur d’un dépistage du VIH au moins une fois au cours de la vie – comme le préconise la Haute Autorité de Santé, 45 % des hommes et 38 % des femmes admettent ne l’avoir jamais réalisé (d’après l’enquête Baromètre Santé, 2016). Cette absence de dépistage concerne « 21 % des personnes nées en Afrique subsaharienne, 16 % des personnes ayant consommé des drogues et 23 % des hommes déclarant au moins un partenaire sexuel masculin au cours de la vie ».

Par ailleurs, on peut également regretter qu’en 2018 sur les 6 155 personnes chez qui une séropositivité a été diagnostiquée, près d’un tiers a été découvert à un stade avancé de l’infection, concernant surtout les usagers de drogues injectables (UDI) et les hétérosexuels. « Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2018, les motifs de réalisation de la sérologie VIH les plus fréquemment rapportés sont la présence de signes cliniques ou un bilan biologique évocateurs d’infection VIH (26 %), un bilan systématique (20 %) », souligne le BEH. Enfin, parmi les sujets découvrant leur séropositivité, 56 % ont été contaminés par rapports hétérosexuels.
Des efforts de sensibilisation au dépistage du VIH doivent donc être poursuivis, surtout si l’objectif est d’éradiquer l’épidémie de sida d’ici 2030, comme l’a annoncé Agnès Buzyn il y a quelques semaines, aux 23èmes États généraux des élus locaux contre le sida.


Source : lequotidiendumedecin.fr