Télémédecine

Après la méfiance, une multiplication de projets

Publié le 19/11/2018
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Crédit photo : PHANIE

La télémédecine est reconnue officiellement depuis la loi « hôpital, patients, santé, territoires » et la description de son cadre réglementaire dans le décret du 19 octobre 2010. Elle répond à un constat : augmentation des maladies chroniques, encombrement des urgences, inégale répartition des professionnels de santé sur le territoire, diminution de la démographie médicale, contrainte économique. Elle permet d’établir un diagnostic, d’assurer, pour un patient à risque, un suivi dans le cadre de la prévention ou un suivi postthérapeutique, de requérir un avis spécialisé, de préparer une décision thérapeutique, de prescrire des produits, de prescrire ou de réaliser des prestations ou des actes, d’effectuer une surveillance de l’état des patients.

La pédiatrie, considérée comme une discipline clinique, après s’être longuement interrogée, s’y est engouffrée avec enthousiasme et dynamisme tout en gardant le souci constant de la rigueur et de l’évaluation de ces nouvelles pratiques.

Téléconseil et téléconsultations d’urgence

Le téléconseil en pédiatrie et les téléconsultations ont démarré dès les années 2004-2005 par la rédaction d’un puis de plusieurs outils « d’aide à l’orientation médicale pertinente » dans les situations aiguës en ville, à l’hôpital et dans les centres de régulation (Smur, centre 15). Des plateformes de téléconsultations pédiatriques programmées sont en place avec échange par « chat » (Strasbourg) ou courriel (Lyon). Plusieurs projets sont en cours de développement entre des crèches et des pédiatres libéraux ou hospitaliers pour pallier le manque de personnel médical disponible.

Téléexpertise et réunions à distance

La transmission de photographies, puis de l’imagerie (neurochirurgie, imagerie ostéoarticulaire et pulmonaire) et/ou d’enregistrements (ECG, EEG, Holter) entre les centres hospitaliers de proximité et les centres référents des divers territoires a fait évoluer ces échanges vers la téléexpertise pédiatrique. C’est l’information qui doit voyager, et elle seule justifiera le déplacement éventuel de l’enfant, soulignent les neurochirurgiens pédiatriques. Les hôpitaux ne disposant pas de pédiatres spécialistes dans certains domaines de compétences ont développé des échanges à distance (son et images) avec un pédiatre hospitalier référent à propos de situations cliniques, par exemple en dermatologie entre le CH d’Argenteuil et les centres hospitaliers des Yvelines, en neuropédiatrie et épilepsie en région lyonnaise, Île-de-France et Pays de la Loire.

Maladies chroniques de l’enfant

Une dizaine de projets validés par les ARS et financés par les fonds d’intervention régionaux concernent des téléconsultations avec « staffs » entre les équipes des établissements médico-sociaux pédiatriques et des hôpitaux de référence dans le domaine de l’autisme. Les téléconsultations et les staffs de synthèse à distance s’inscrivent dans les parcours de soins actualisés (recommandations de la HAS). L’expérience des pays nordiques (Danemark, Finlande) souligne leur rôle bénéfique dans la réduction des ruptures de parcours.

Les nouvelles technologies permettent également d’accompagner les adolescents et d’améliorer ainsi leur observance du traitement : SMS adressés aux sujets diabétiques ou atteints de maladie rare, « chats » programmés entre patients à l’initiative de médecins, etc.

 

« C’est l’information qui doit voyager, et elle seule justifiera le déplacement éventuel de l’enfant »

Chef du pôle de pédiatrie des hôpitaux universitaires d’Île-de-France ouest, chef du service de pédiatrie adolescents, urgences, hôpital Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt), université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines

Pr Bertrand Chevallier
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Source : Bilan Spécialiste