À Arras, généralistes et praticiens hospitaliers échangent par un annuaire médical numérique

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Publié le 17/07/2018
GHAT Pro

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Crédit photo : DR

La e-santé serait-elle l'outil miracle qui abolira enfin la frontière entre la ville et l'hôpital ? À Arras (Nord), les professionnels de santé misent en tout cas sur une application pour smartphone et tablettes, développée en 2017 par le centre hospitalier de la ville, pour mieux travailler avec la ville et améliorer la prise en charge des patients. Baptisée GHAT Pro (pour groupe hospitalier Artois-Ternois), ce programme, distingué fin mai par le prix de la communication des centres hospitaliers de la Fédération Hospitalière de France (FHF), permet aux médecins libéraux, et notamment aux généralistes, d'entrer plus facilement en relation avec les praticiens de l'hôpital.

« Notre idée, c'était de faciliter l'accès des médecins traitants, généralistes ou spécialistes pour nous joindre ou nous adresser des patients, explique le Dr Audrey Pereira, gynécologue obstétricienne et vice-présidente de la commission médicale d'établissement du centre hospitalier. Des collègues nous disaient parfois que c'était compliqué et nous voulions y remédier. »

L'outil se présente comme un annuaire médical numérique mis à jour en temps réel. En amont, l'hôpital a dû compiler les numéros de téléphone des praticiens, classés par pôle de soins. « Les médecins de l'hôpital ont joué le jeu en rendant accessibles des numéros, qu'il s'agisse de celui de leur secrétariat ou de celui du médecin d'astreinte sur la spécialité », ajoute le Dr Pereira. Tous les pôles cliniques, tous les services ainsi que les consultations avancées à Bapaume et dans le Ternois sont couverts par l'appli. Un annuaire imprimé avait déjà été réalisé et envoyé aux médecins du territoire mais la difficulté de le mettre à jour a conduit le centre hospitalier sur la voie de la dématérialisation.

Depuis un an, une centaine de médecins généralistes, soit le quart du « bassin de recrutement » de l'hôpital, ont téléchargé l'appli. Le Dr Laurent Turi, généraliste en maison de santé pluridisciplinaire à Gauchin-Verloingt (Pas-de-Calais), l'utilise même « plusieurs fois par semaine ». Il apprécie d'avoir par ce biais « un accès raccourci à un confrère ». Il s'en sert pour avoir un rendez-vous plus rapidement pour un patient, quand il l'estime nécessaire, ou pour avoir un « échange confraternel » avec un praticien hospitalier, pour avoir un avis chirurgical, optimiser la priorisation de demandes d'examens ou donner des impressions sur un patient… « On fait le même métier à des endroits différents, souligne le généraliste. Des solutions peuvent se dégager en ne discutant que quelques minutes [entre confrères, NDRL], dans les deux sens d'ailleurs. »

Réduire le délai de prise de rendez-vous

Les libéraux peuvent aussi consulter un confrère hospitalier sur une complication postopératoire ou programmer une hospitalisation sans passer par les urgences…

« Ils ont besoin de nous et on a besoin d'eux, d'échanger davantage, observe le Dr Pereira. Parfois, des patientes attendent un rendez-vous trois semaines, avec un problème qui s'aggrave, alors que j'aurais très bien pu les ajouter dans mon planning de rendez-vous, si un médecin de ville était intervenu ».

Les craintes de certains praticiens de crouler sous les sollicitations se sont avérées infondées, ajoute-t-elle : les médecins libéraux, qui se connectent avec leur numéro RPPS sont « très raisonnables » et savent quand il est vraiment pertinent de recourir à eux. Selon le Dr Turi, les patients « sont soulagés qu'on prenne les choses en main » via cette appli, une démarche qui leur fait gagner du temps et accélère leur prise en charge.

GHAT Pro comporte aussi une rubrique d'actualités médicales sur le centre hospitalier, les soirées médicales qu'il organise, l'acquisition de nouveaux matériels… Dans une version ultérieure, l'appli devrait permettre aux médecins d'échanger des documents de manière sécurisée et aux libéraux de prendre directement des rendez-vous auprès des hospitaliers en consultations externes.


Source : lequotidiendumedecin.fr