E-santé : innovations digitales au Hacking Health Camp

Cinq projets de médecins ont fait mouche

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Publié le 24/03/2016
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Crédit photo : LEA MARIETTE

« Je vous propose une séance d’hypnose en trois dimensions. Pour cela, je vous invite à revêtir votre casque de réalité virtuelle », murmure le Dr Denis Graff, anesthésiste, dans un amphithéâtre de la faculté de médecine de Strasbourg plongé dans la pénombre.

Sa mise en scène lors d’une journée de présentations au Hacking Health Camp a séduit le jury du hackathon, avec plusieurs distinctions à la clé pour sa solution « Hypno3D » : le prix « coup de cœur » Hacking Health, celui du « meilleur potentiel de réussite » et surtout le prix « La Javaness » qui offre un accompagnement par cet accélérateur de start-up. « Hypno3D associe les capacités créatives de la réalité virtuelle, telles que le permet le casque « Oculus Rift » avec les techniques d’induction hypnotique classiques », explique le Dr Graff au « Quotidien ». Selon lui, ce dispositif permettrait de démocratiser l’hypnose et de « l’adopter pour un nombre bien plus important de patients que l’hypnose traditionnelle, avec un thérapeute ». Prochaine étape : une étude clinique menée en partenariat avec Holodia, société spécialisée en réalité virtuelle.

Risque chirurgical

Autre solution innovante, le logiciel « Fat buster » qui a pour but « d’évaluer le risque chirurgical lié à l’importance de la graisse au sein de l’abdomen chez les patients qui s’opèrent en chirurgie mini-invasive », indique le Pr Fabien Thaveau, spécialiste en chirurgie vasculaire et transplantation rénale au CHU de Strasbourg. Construit autour de technologies « open source », ce logiciel se base sur les données scanners préopératoires en extrayant les fichiers DICOM pour « calculer le pourcentage de la graisse au sein de l’abdomen » et avoir ainsi « une évaluation objective de ce pourcentage pour mieux évaluer le risque pour le patient », explique le chirurgien. Son projet a obtenu le prix de la « meilleure solution clinique » et bénéficiera d’un accompagnement par l'accélérateur néerlandais de start-up Rockstart.

Communication et diagnostic

Portée par le Dr Frédéric Grabli, psychiatre à Strasbourg, « Slack4Health » est une application collaborative destinée à faciliter les échanges sécurisés entre médecins autour des patients pris en charge en commun. Outre cet outil de communication, le Dr Grabli imagine déjà une interface avec des logiciels métiers, « par exemple, pour récupérer la biologie du système d’information de l’hôpital afin de consulter simplement les résultats d’analyses d’un patient depuis son smartphone ». Son projet a reçu le prix « Ekito » qui offre un accompagnement personnalisé par l’accélérateur de start-up toulousain. Du côté du Dr Jean-Noël Ravey, avec « Keydiag », c’est plus un concept qu’un véritable prototype fonctionnel qui a été récompensé à l'issue de ce hackathon. Son idée : modéliser le diagnostic médical sur un outil numérique pour ne rien rater « à chaud ». Il imagine ainsi « une plateforme collaborative fondée sur une bibliothèque de connaissances qui collecte les traces de raisonnement des utilisateurs (médecins), de façon à ce que l’utilisateur suivant puisse marcher dans la trace de l’utilisateur précédent ». Le tout « avec un retro-contrôle des sociétés savantes », précise le radiologue au CHU de Grenoble, auréolé du prix Medtronic qui donne par ailleurs accès à un accompagnement de l’industriel.

Réhabilitation post-traumatique

Ultime médecin récompensé par le prix « Humanis » (incluant également un accompagnement) et du prix de la « meilleure innovation » Hacking Health, le Dr Benjamin Colvard, chirurgien californien collaborant à l’IHU de Strasbourg, pour sa solution de réhabilitation post-traumatique du patient victime d’AVC grâce à la réalité virtuelle. Au-delà des exercices classiques de kiné, le patient bénéficie d’une réinsertion progressive dans le quotidien via une transition dans un environnement virtuel. Le programme utilise l’« Oculus Rift » et inclut un tracking des membres du patient dans des situations de vie réelle. L’idée est de lui faire prendre conscience de ses limites liées à son handicap pour mieux les repousser grâce à des exercices adaptés fixés avec les soignants.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9482