Hélène Derrien (comités de défense des hôpitaux de proximité)

« Entre le premier recours en berne et la fermeture des petites structures, l'inquiétude grandit »

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Publié le 16/11/2017
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LE QUOTIDIEN : La place de la psychiatrie dans le service public de santé est à l'ordre du jour de vos rencontres nationales. Pourquoi ce thème ?

HÉLÈNE DERRIEN : La psychiatrie est en grande difficulté avec la réforme des groupements hospitaliers de territoire, qui remet en cause la sectorisation en les intégrant dans des regroupements hétérogènes. Les choses sont mal engagées avec Agnès Buzyn, qui veut revenir sur les quelques dérogations accordées. On constate des fermetures de centres médicopsychologiques, structures capitales pour l'orientation des patients. À Quimper, les urgences psychiatriques ont mis la clé sous la porte. Les patients et les soignants trinquent.

La Coordination fédère plus de 100 bureaux locaux. Quelles sont les remontées sur l'accès aux soins ?

Entre la médecine de premier recours en berne et la fermeture des petits hôpitaux et maternités, l'inquiétude grandit sur le terrain. Dans l'Aude, un homme est mort cet été faute de SMUR ouvert. La maternité de Remiremont (Vosges) doit fermer à la fin de l'année. Pour Pithiviers (Loiret) et Decazeville (Aveyron), c'est fait. Tout proche, à Millau et Saint-Affrique, l'incertitude persiste sur l'avenir. 

Que pensez-vous de la politique d'Agnès Buzyn pour lutter contre les déserts médicaux ?

La ministre de la santé présente le développement de la télémédecine et l'ambulatoire comme deux recettes miracles auxquelles on ne croit pas ! Ce sont deux solutions pensées à Paris, loin du terrain. Doit-on vraiment opérer de la cataracte en ambulatoire une personne âgée fragile et vivant seule ? Une arthroscopie réclame des soins et un suivi en aval. Comment faire sans médecin traitant ? Comment faire de la télémédecine sans couverture réseau ? Cette politique n'apporte aucune solution à la désertification médicale. En revanche, elle résout l'équation de la contrainte budgétaire. Et entendre la ministre dire que 30 % des dépenses de santé ne sont pas pertinentes, quand un quart des Français renoncent déjà à se soigner, c'est la cerise sur le gâteau !

Propos recueillis par Anne Bayle-Iniguez "La psychiatrie est en grande difficulté avec la réforme des GHT" "Doit-on vraiment opérer de la cataracte en ambulatoire une personne âgée fragile et vivant seule ?"

Source : Le Quotidien du médecin: 9619