Hausse des arrêts maladie et généralistes complaisants ? Un reportage au 20h fait hurler les médecins

Publié le 22/02/2018
Arrêts maladie France 2

Arrêts maladie France 2
Crédit photo : Journal de 20 h, France 2 (capture d'image)

Quelques minutes de reportage au journal de 20h sur France 2, le 21 février, ont suffi à faire réagir vivement des médecins libéraux sur les réseaux sociaux.

Réalisée en caméra cachée, la séquence est censée illustrer un sujet sur l’augmentation de 8 % des arrêts maladie, en janvier 2018 par rapport à janvier 2017, une hausse qualifiée d’« explosion inquiétante », le coût annuel des arrêts maladie « frauduleux » s’élevant à 196 millions d’euros, rappelle le reportage. En cause ? « La prescription de certains médecins », ose le reportage pour donner le ton. 


Le téléspectateur suit les consultations du journaliste chez deux médecins généralistes parisiens, sélectionnés « au hasard ». À l'exposé de ses symptômes (fatigue, maux de tête, courbatures, etc.) et après une consultation de 20 minutes, il se voit prescrire deux arrêts maladie, respectivement de 24h et 48h... Deux arrêts « facilement obtenus », avance le journaliste qui pose la question : « Sont-ils pour autant abusifs ? »    

Le président de la FMF tempère

Seul médecin interrogé – plus précisément sur le « barème » de la CNAM qui a mis en place des fiches repères sur les IJ avec durées de référence –, le président de la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Jean-Paul Hamon, fait valoir que de nombreux patients ne se soumettent pas aux arrêts maladie prescrits et « refusent » de s'arrêter. Mais la conclusion du reportage sonne comme une mise en garde : « Pour lutter contre cette fraude, le gouvernement a décidé d'intensifier les contrôles dans les prochains mois. » 

Les médecins sont-ils complaisants et responsables de l'augmentation actuelle des IJ maladie ? Le propos du reportage est tempéré par une analyse en plateau. La hausse du nombre d’arrêts maladie s’explique par plusieurs facteurs. La « reprise du marché de l’emploi » d’abord, le recul de l’âge de la retraite ensuite et la hausse du nombre de seniors actifs, plus souvent malades, ou encore l’augmentation des « troubles psychosociaux » multipliés par 7 en 5 ans . Le journaliste rappelle également que 20 % des arrêts maladie prescrits par les médecins ne sont pas suivis par les patients.

« Salaud de toubib »

Les réactions des médecins n’ont pas tardé. Sur le réseau social Twitter, ils dénoncent la stigmatisation facile de la profession.

D’autres remettent en question le manque de déontologie du reportage ou jugent la mise en scène plus proche du spectacle que de l’information.

Une intervention de l’Ordre des médecins auprès du CSA est même réclamée.

Quant au Dr Jérôme Marty, président de l'UFML Syndicat, il ne cache pas son exaspération. 

Elsa Bellanger

Source : lequotidiendumedecin.fr