Recomposition de l'offre de soins

La FHF exhorte le gouvernement à généraliser la télémédecine

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Publié le 21/11/2016
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

L'expansion à grande échelle de la télémédecine est-elle pour demain ?

C'est en tout cas la supplique du président de la FHF, Frédéric Valletoux, en campagne depuis plusieurs mois pour doper cette activité innovante qui a pris du retard en France. « La télémédecine est l'une des clés qui permettra de répondre aux difficultés d'accès aux soins sur notre territoire », souligne-t-il. Pour la fédération hospitalière, l'enjeu est stratégique car la télémédecine sera un des puissants leviers de la recomposition de l'offre de soins, alors que s'élaborent les projets médicaux partagés mis en place dans les groupements hospitaliers de territoire (GHT).

Les choses progressent à (trop) petits pas. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2017 prévoit certes de prolonger d'une année le financement des expérimentations de télémédecine et de les étendre à l'ensemble du territoire. « Cet article va dans le bon sens mais il devrait aller plus loin », s'impatiente Frédéric Valletoux qui réclame la généralisation des projetsAutre avancée du PLFSS : le fait de permettre aux patients en consultations externes ou pris en charge par les services d’urgence à l’hôpital de bénéficier d’actes de télémédecine. 

Intégration dans la T2A

Selon le Pr Thierry Moulin, président de la société française de télémédecine (SFT), plus de 350 projets pilotes ont déjà été développés en France. Télésuivi à domicile des patients insuffisants cardiaques au CHU de Caen, téléconsultations pré-anesthésiques aux Hospices civils de Lyon (HCL), dispositif de télé-AVC sur le territoire Hainaut-Artois, système permettant d’éviter les déplacements inutiles des urgentistes du CHU de Nancy dans les EHPAD… : le champ des possibilités est infini.  

Mais trop souvent sur le terrain, les équipes médicales à la manœuvre se heurtent à des difficultés multiples, d'ordre juridique d'abord. « Les exigences réglementaires sont des freins, les équipes ont besoin d'éléments incitatifs pour pérenniser la télémédecine », explique le Pr Moulin. Un partenariat a été signé entre la SFT et la FHF afin de guider les établissements de soins ou médico-sociaux demandeurs.

Le volet économique reste le principal obstacle au déploiement de la télémédecine, à défaut de budgets pérennes. Un financement forfaitaire incitatif est certes envisagé (pour lever les freins liés à l’investissement matériel et organisationnel des hôpitaux) mais il ne serait pas à la hauteur des enjeux. Afin de changer de braquet, la FHF se positionne pour que la télémédecine soient rémunérée dans le cadre de la tarification à l'activité (T2A) et calquée sur le modèle de la chirurgie ambulatoire « avec des incitations tarifaires ».

Les économies potentielles ne sont pas négligeables. Le Dr Pierre Simon, ancien président de la SFT, assure que la seule télésurveillance à domicile des patients atteints d'insuffisance cardiaque – dont le cahier des charges est attendu à la fin du mois –permettrait une économie d'un milliard d'euros à la Sécurité sociale. Autre exemple : à Saint-Pierre-et-Miquelon, l'évacuation sanitaire vers Terre-Neuve représente un coût de 6 millions d'euros. Il serait évitable grâce au déploiement de la télémédecine…

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9536