Télésurveillance et insuffisance cardiaque

La France en tête au sein de la francophonie !

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Publié le 10/10/2018
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Crédit photo : Phanie

Les journées du groupe insuffisance cardiaque et cardiomyopathie qui se sont tenues à Lille les 20 et 21 septembre 2018 ont permis de comparer les systèmes de soins concernant la prise en charge de l’insuffisance cardiaque en Belgique, au Canada, en France, au Luxembourg et en Suisse. En matière de télésurveillance, la France est pionnière parmi les pays francophones grâce au programme ETAPES (Expérimentation de la Télésurveillance pour l'Amélioration du Parcours en Santé) qui permet sur tout le territoire national des expérimentations en vie réelle, rémunérées, obéissant à l'article 36 de la loi HPST de 2014.

Détecter la survenue des signes congestifs précoces

Les patients peuvent bénéficier de ce nouveau mode de prise en charge dont l'intérêt vient d'être confirmé par l'étude TIM-HF2, réalisée en Allemagne. Elle montre, comme dans les méta-analyses antérieures, une diminution des hospitalisations pour insuffisance cardiaque et de la mortalité. Il faut que les cardiologues impliqués dans le suivi et le traitement des insuffisants cardiaques s'approprient cette nouvelle technologie pour ne pas prendre de retard. Fondée avant tout sur le suivi du poids et des symptômes, elle permet de détecter précocement l'apparition de signes congestifs à un stade où la congestion est encore accessible à la majoration du traitement diurétique par voie orale, évitant des hospitalisations pour décompensation.

Il s'agit d'un exercice aisé pour tout cardiologue clinicien expérimenté, à condition de rester prudent et en cas de doute de demander au patient de venir en consultation, la plupart des alarmes pouvant cependant être gérées à distance. Les experts préconisent de majorer la posologie des diurétiques de l'anse de 50 % de la dose journalière habituelle (pour des posologies n'excédant pas 500 mg) jusqu'au retour au poids de base, ce qui à ce stade est en général obtenu en quelques jours. Pour qu'il existe une trace écrite de cette prescription, on peut se servir, soit d'ordonnance conditionnelle préétablie, stipulant les modalités de majoration des doses de diurétiques en cas de prise de poids, soit faxer l'ordonnance à la pharmacie du patient. De la même façon, il est possible de déclencher à distance un contrôle biologique pour s'assurer de l'absence d'apparition d'un désordre électrolytique ou faire doser les peptides natriurétiques en cas de doute diagnostic.

Un accompagnement thérapeutique indispensable

Le patient est ainsi mis au centre de sa prise en charge devenant notre meilleur collègue, selon les mots du Pr Jourdain. Ceci nécessite au préalable son éducation thérapeutique, raison pour laquelle une télésurveillance ne peut être mise en œuvre sans un accompagnement thérapeutique par l'équipe soignante. La participation du personnel soignant formé à l'insuffisance cardiaque et à l'éducation thérapeutique est ainsi indispensable. Leurs échanges répétés avec les patients permet d'établir une relation de confiance majorant l'observance du patient tant à son régime qu'à son traitement, rompant le cercle vicieux de l'insuffisance cardiaque.

Quelles que soient les difficultés administratives rencontrées lors de la mise en place de cette télésurveillance pour les médecins hospitaliers, notre devoir est de développer et d'enrichir la prise en charge de nos patients en améliorant leur parcours de soins.

CHU de Toulouse

Pr Michel Galinier

Source : lequotidiendumedecin.fr