Suivi et consultation à distance, dossier médical, coaching 3.0

Les Français mûrs pour la prévention et la santé augmentés

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Publié le 08/03/2018
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Crédit photo : PHANIE

La prévention, une vielle lune en décalage avec l'intelligence artificielle, la data et les objets connectés ? À l'occasion de la première édition du salon Santé pour tous, qui a lieu ce week-end à Paris, l'association organisatrice Médecine pour tous a voulu en avoir le cœur net avec une enquête sur les Français et la prévention augmentée*. 

Premier enseignement de ce sondage : les Français s’estiment bien documentés sur les principaux risques pour leur santé, comme le tabac ou l’alcool, mais déplorent des carences en communication sur des sujets plus pointus ou, paradoxalement, plus d'actualité. Ainsi, un Français sur trois déplore un manque d'informations sur les effets de la pollution sur la santé. Même constat pour un Français sur cinq concernant la vaccination.

Face au marigot d'Internet, le médecin traitant apparaît comme le principal relais de la prévention pour un Français sur deux, devant les professionnels de santé dans leur ensemble et les pouvoirs publics.

Ouverture d'esprit 

Deuxième constat : au regard des enjeux liés à la prévention, les Français ne sont pas réfractaires au changement et sont même prêts à faire des efforts… sous certaines conditions. Une large majorité (78%) est susceptible de changer son comportement si la Sécurité Sociale veut bien mettre la main à poche et prendre en charge « tous les moyens de prévention ». Ils réclament aussi des outils plus simples d’accès et plus ludiques. 71 % se disent prêts à utiliser un « pass prévention » donnant accès à des consultations médicales de contrôle et de suivi et 57 % seraient prêts à recourir à un coaching avec des professionnels de santé.

L'attrait des Français pour les nouvelles technologies au sens large contribue à l'ouverture d'esprit de ceux qui sont aussi patients, qui conçoivent peu à peu la santé et la prévention sous un angle nouveau, dynamique et connecté. L’intelligence artificielle est perçue comme utile aux personnes isolées et/ou fragiles (76 %), permettant un suivi et des recommandations personnalisées (74 %), ou pouvant même sauver des vies (74 %). Pour plus des deux tiers des Français, les nouvelles technologies sont à même de résoudre les problèmes du système de santé, comme les déserts médicaux ou le temps d’attente pour un rendez-vous chez un spécialiste.

Sur le sujet sensible des données de santé, on constate une dynamique similaire sur le sujet sensible des données de santé. 69 % des Français sont favorables à l’instauration d’un dossier médical centralisé en ligne (ordonnances, remboursements, résultats, etc.), 53 % à la transmission en direct de leurs données à des professionnels de santé et 50 % à l’utilisation de logiciels d’intelligence artificielle capables d’interpréter les données médicales. 

Moderniser le rôle du médecin 

Cette perception favorable à la nouveauté se retrouve aussi dans le rapport des Français à leur médecin, en pleine mutation. Pour le Dr Philippe Dompeyre, généraliste président fondateur de l’association Médecine pour tous, les Français veulent être plus autonomes dans leur prise en charge. « C'est pourquoi il est essentiel de redéfinir et de moderniser notre rôle en adéquation avec les évolutions technologiques et sociétales », analyse-t-il. 

De fait, les Français se disent prêts à effectuer une téléconsultation à 66 % si la consultation se déroule dans une structure de santé, à 45 % via une plateforme de conversation vidéo à distance (comme Skype, par exemple) et à 39 % via une application mobile. Ils sont même 33 % – et 48 % parmi les 18-24 ans – à envisager ce type de consultation via une plateforme marchande, un réseau social ou un moteur de recherche, type Amazon, Facebook ou Google.

Cet engouement n’empêche pas quelques inquiétudes : les nouvelles technologies représentent malgré tout pour 60 % de sceptiques une menace pour la vie privée et la confidentialité des données, voire une mise en danger de la santé (46 %). 45% des Français y voient même une menace pour le travail des médecins. Une très faible minorité.

(1) Sondage réalisé par le cabinet Mazars auprès d’un échantillon représentatif de 1 010 personnes par OpinionWay pour Mazars.

Elsa Bellanger

Source : Le Quotidien du médecin: 9646