La réglementation de la e-santé à adapter

Pour les entrepreneurs, la santé connectée n'est pas assez mise en valeur en France

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Publié le 11/04/2016
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SANTE CONNECTEE

SANTE CONNECTEE
Crédit photo : PHANIE

Quel modèle économique pour la e-santé et comment la réguler et faciliter son développement ?

Trois entrepreneurs, dont un médecin, ont regretté devant des députés que la réglementation soit beaucoup trop floue et complexe dans l'Hexagone dans le domaine de la santé connectée, lors d'un forum parlementaire, qui a récemment réuni à Paris plus de 300 personnes.

« Le problème de l'appropriation de nos innovations se pose aujourd'hui », observe Jérôme Iglesias, président de la commission économique et industrielle de France eHealth Tech, association qui fédère les start-up de santé connectée.

Un sentiment partagé par de nombreux chefs d'entreprise. « C'est le parcours du combattant pour obtenir la conformité d'un objet de santé connectable, affirme Lucile Blaise, présidente de la filiale française de ResMed, entreprise de dispositifs pour soigner l'apnée du sommeil. Il est regrettable que ce soient les industriels qui portent ces dispositifs à bout de bras. Le forfait innovation de Marisol Touraine laisse à désirer, il manque un vrai plan d'action », ajoute-t-elle à l'adresse des politiques présents.

« Il est vrai qu'il y a une absence de vision et de parole politique dans ce domaine », reconnaît la députée Les Républicains d'Eure-et-Loir, Laure de la Raudière. Laurent Grandguillaume, député PS de Côte-d'Or, souhaite de son côté rendre plus visibles les start-up de e-santé, « sans complexifier encore plus la situation ». Il faut selon lui inventer un modèle français, « avant qu'il ne soit trop tard ».

Apprendre à interpréter les données

Quelle place donner aux médecins au milieu de tous ces objets connectés ? Le parcours de soins doit s'adapter à l'ère numérique. « Dans certains territoires, il n'y a plus de médecins, affirme Laure de la Raudière. Ces objets de santé connectée peuvent permettre de faire un premier diagnostic en prenant le pouls, la tension. Le médecin doit ensuite être placé en deuxième recours, avec son expertise », propose la députée de droite.

Les médecins ne redoutent pas forcément la concurrence des nouvelles technologies. « Le numérique ne peut tout résoudre, explique le Dr Benjamin Pitrat, psychiatre, addictologue et cofondateur d'Ad Scientam, une plateforme pour améliorer la recherche clinique et la communication entre patient et médecin. En revanche, le problème qui se pose est celui de prendre le temps d'aller vérifier toutes les données connectées du patient », avance-t-il. « La limite réside aussi dans les protocoles de recherche clinique, actuellement de deux ou trois ans pour valider une technologie », souligne le Dr Pitrat.

La lecture et l'interprétation de données de e-santé et de data devraient être intégrées dans la formation des médecins, estime Jérôme Iglesias. « Aujourd'hui le médecin ne sait pas comment y faire face, et donc perd du temps » conclut-il.

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9487