Ruée commerciale vers la médecine connectée

Téléconsultation : Medicitus prend déjà position

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Publié le 02/07/2018
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Crédit photo : PHANIE

Alors que la signature conventionnelle va enfin permettre le remboursement de certains actes de télémédecine à partir du 15 septembre 2018, quelques opérateurs privés prennent les devants pour se positionner sur ce marché à fort potentiel de croissance. C’est le cas de Medicitus dont le président fondateur, Eric Roussin, ne cache pas les ambitions : devenir rentable d’ici à trois ans en captant 30 % des futures téléconsultations remboursables qui doivent obligatoirement utiliser l’interface vidéo.

Pour ce faire, l’entreprise mise sur la simplicité de la solution qu’elle propose. « Je ne voulais aucun téléchargement ni installation de plug-in pour faire fonctionner la plateforme. Les études montrent que c’est à cause de cela que l’on finit par perdre 70 % des gens qui étaient pourtant intéressés au départ », explique Eric Roussin. De fait, la téléconsultation par visioconférence proposée par Medicitus fonctionne, pour chacune des parties, en se rendant sur le site web de la plateforme. Une déclinaison en application mobile est prévue dès juillet.

Dessin d'écorché

En pratique, le patient accède à son espace préalablement créé via une authentification forte, similaire à celle utilisée par les banques (mot de passe et envoi d’un SMS ou d’un email). Il prend ensuite un rendez-vous avec l’un des praticiens de la liste en fonction des disponibilités de son agenda. Un rappel est envoyé la veille ainsi qu’une demi-heure avant le début du rendez-vous. Avant de se connecter avec le médecin, le patient est invité à renseigner les raisons de sa consultation et notifier, par exemple, les zones douloureuses sur un dessin d’écorché. Si la consultation se fait depuis un « relais de soins » (EHPAD ou pharmacie) disposant d’objets connectés, certaines constantes vitales peuvent également être enregistrées et envoyées au praticien.

De son côté, le médecin se connecte avec sa carte CPS et prend connaissance des informations transmises par le patient avant de lancer la consultation vidéo. À l’issue de celle-ci, il renseigne le dossier médical personnalisé et sécurisé du patient (DMPS) et peut rédiger une ordonnance qu’il lui transmet de manière dématérialisée sur son espace personnel. Le retrait de la prescription déposée sur un serveur sécurisé et agréé se fait dans l’officine choisie par le patient.

Les complémentaires en renfort

Si Medicitus propose aussi des services de téléconseil avec possibilité de prendre un rendez-vous en ligne ou d’obtenir un conseil médical, c’est bien l’activité de téléconsultation que l’entreprise souhaite prioritairement développer. Elle dispose donc, depuis fin 2016, des agréments ARS et CNIL et procède par signature d’une convention avec tous les praticiens avec lesquels elle travaille, déposée à l’Ordre départemental des médecins auxquels ils sont rattachés. Ils sont aujourd’hui au nombre de 65 (44 généralistes et 21 spécialistes).

Pour l’heure, le modèle économique de Medicitus s’appuie surtout sur les complémentaires santé et les conciergeries médicales en entreprise. Chaque adhérent s’acquitte d’un abonnement annuel (ou mensuel dans le cas des collaborateurs en entreprise) et règle ensuite chaque consultation à hauteur de 25 à 90 euros. Le grand public peut également souscrire un abonnement mensuel et bénéficier des mêmes prix de consultation. Du côté des médecins, le prix de l’abonnement mensuel n’a en revanche pas été communiqué. À terme, Medicitus souhaite bien évidemment s’inscrire dans le cadre des téléconsultations prises en charge par l’assurance-maladie.

Benoît Thelliez

Source : Le Quotidien du médecin: 9676