Une IA pour éviter les erreurs médicamenteuses

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Publié le 14/05/2021
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Nombre de CHU ont adopté un outil de conciliation médicamenteuse sécurisant le parcours de soins, développé par la société Synapse Medicine, en partenariat avec la base de données Thériaque.

Entrée d’hôpital, transfert inter-services, ordonnance de sortie… Jusqu'à deux tiers des patients hospitalisés sont exposés à des erreurs médicamenteuses, liées à des divergences entre leurs traitements de ville et ceux prescrits à l’hôpital. Des erreurs responsables d’évènements graves dans au moins 18 % des cas. 

Jusqu’ici cantonnée à des formulaires papiers et des tableaux abscons, la conciliation médicamenteuse se réinvente grâce à l’intelligence artificielle. Synapse Medicine, algorithme d’analyse du médicament, propose un outil d’aide à la conciliation médicamenteuse « intégré directement dans les logiciels d’aide à la prescription », précise Clément Goehrs, CEO de l’entreprise, lui-même médecin.

L’algorithme fonctionne en analysant, en continu, les données de bon usage de dizaines de milliers de molécules. Une base aujourd’hui enrichie par Thériaque, thesaurus complet du médicament, indépendant de l’industrie. « Ce sont des bases que nous constituons manuellement, en étudiant les revues critiques de littérature », détaille Xavier Dode, pharmacien hospitalier, président du Centre national hospitalier d'information sur le médicament (CNHIM), qui réalise le Thériaque.

Des alertes pour corriger le tir

L'outil offre à la fois une ressource fiable quant aux interactions médicamenteuses, « mais permet aussi de gagner un temps précieux à l’hôpital », assure Xavier Dode. En cas de divergences entre plusieurs traitements prescrits, médecins et pharmaciens reçoivent une alerte de la plateforme, et modifient, au besoin, posologie et prescription.

« L’une des sources d’erreur typique est l’entrée à l’hôpital, lorsqu’il faut prendre en compte tous les traitements de ville du patient, notamment l’automédication ou la phytothérapie », relate Xavier Dode. L’outil permet de renseigner l'ensemble de ces molécules et de les analyser automatiquement à l’aune des prescriptions hospitalières. « Il permet également de renforcer le lien ville/hôpital. Lors de la conciliation de sortie, un compte rendu médicamenteux est envoyé au médecin traitant », poursuit Clément Goehrs. Objectif : sécuriser le parcours de soins.

En quelques mois, une grande partie de l’AP-HP a été équipée, dont la Pitié-Salpêtrière, et des discussions sont engagées avec « plus de 50 % des CHU français », se réjouit Clément Goehrs. « Il y a une incitation très forte de mise en place de la conciliation médicamenteuse par les autorités de tutelle, abonde Xavier Dode. Je sens un vrai engouement sur le sujet. » 

Léa Galanopoulo

Source : Le Quotidien du médecin