Des humanitaires et du personnel médical tués lors d'une attaque aérienne en Syrie

Par
Publié le 21/09/2016
alep

alep
Crédit photo : AFP

Quatre membres de l'équipe médicale de l'Union des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM) ont été tués dans l'attaque aérienne du centre médical de Khan Touman, dans la nuit du mardi 20 septembre, à Alep en Syrie, a annoncé l'ONG. Il s'agit de deux infirmiers et deux chauffeurs ambulanciers, qui transféraient des patients du point médical vers un centre avancé. Un troisième infirmier est dans un état critique avancé, après avoir été transféré à l'hôpital Bab Al-Hawa, dans la région nord. Et le centre Khan Touman est complètement détruit, avec des victimes toujours sous les décombres, en nombre inconnu.

« Le bâtiment dispose de trois étages dont l'un était souterrain. En raison de l'intensité des bombardements, les trois niveaux se sont effondrés et sont complètement détruits », indique le Dr Ahmed Dbais, directeur à l'UOSSM des hôpitaux et trauma dans le nord de la région. Le centre accueillait 750 blessés par mois.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, le raid a également tué « neuf membres de l'Armée de la Conquête » qui travaillaient dans le centre médical. Ce groupe rebelle inclut le Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) et d'autres groupes islamistes. L'OSDH n'était pas en mesure d'identifier la nationalité des avions ayant participé aux frappes.

« Cette attaque contre notre personnel et nos installations médicales est inacceptable. Les travailleurs humanitaires et le personnel médical sont censés être protégés par le droit international humanitaire et les droits de l’homme. Ils donnent leurs vies à sauver celles des autres. Cibler délibérément des travailleurs humanitaires et des professionnels de santé est une claire violation des lois internationales humanitaires et des droits de l’Homme. Les instigateurs de ces actes doivent être tenus responsables. Nous demandons à la communauté internationale d’agir rapidement afin de mettre un terme à ces atrocités », a réagi le Dr Ziad Alissa, président de l’UOSSM France.

Un convoi de l'ONU et du Croissant-rouge syrien détruit la veille

Cette attaque intervient un jour après l'attaque aérienne des 31 camions du convoi de l'ONU et du Croissant rouge arabe Syrien (SARC), où ont péri son directeur, des humanitaires et une vingtaine de civils à l'Ouest d'Alep.

Selon l'AFP, ont été brûlés et détruits ce 19 septembre l'entrepôt du Croissant-rouge syrien et 18 des 31 camions qui acheminaient de l'aide à 78 000 personnes à Orum al-Koubra (et notamment de l'aide sanitaire et nutritionnelle de l'UNICEF pour 50 000 bénéficiaires ainsi que 9 tonnes de matériel chirurgical et d'antibiotiques).

Mardi 20 septembre, l'ONU a suspendu tous ses convois humanitaires en Syrie - qui reprenaient tout juste - en attendant une nouvelle évaluation de la situation sécuritaire. La Croix-rouge, dont le président Peter Maurer a dénoncé « une violation flagrante du droit international humanitaire, totalement inacceptable » a annoncé qu'elle ne gèlerait pas ses activités de distribution d'aide en Syrie. De même, le Programme alimentaire mondial (PAM) continue d'apporter de l'aide, ce mardi, via le largage aérien aux habitants de Deir Ezzor, à l'est.

Selon l'UOSSM, 115 professionnels de santé ont été tués en Syrie en 2016, année la plus meurtrière. L'Organisation mondiale de la santé recense, en 2015, 135 attaques contre des centres médicaux. Depuis le début du conflit, ce sont plus de 700 acteurs de la santé qui ont trouvé la mort.


Source : lequotidiendumedecin.fr