Éditorial

Imprécateurs

Par
Publié le 22/05/2018
Article réservé aux abonnés

Dans le monde des blouses blanches, le pamphlet avait provoqué une sacrée échauffourée. C’était il y a 18 mois. Le Dr Marc Zaffran, alias Martin Winckler, l’un des plus célèbres écrivains médecins, s’en prenait à une majorité de sa corporation accusée de maltraitance vis-à-vis des patients. Coup de tonnerre dans un ciel serein ! Le scud était d’autant plus douloureusement ressenti qu’il avait été envoyé depuis l’étranger, le généraliste ayant choisi de s’exiler au Québec. Depuis lors, d’autres initiatives se sont succédé, mettant le doigt là où ça fait mal. Et plaçant ainsi pèle mêle au banc des accusés les hospitalo-U (les jeunes étant victimes de sexisme pendant les études), les gynécologues (pour des gestes techniques supposés sans consentement), les homéopathes (accusés de ne pas être de « vrais » médecins), et même le pouvoir médical - ou ce qu’il en reste - (suspecté de favoriser certaines formes de harcèlement)…

Doc bashing à répétition pas toujours issu du corps médical, mais souvent. Certes, on dira que la profession a toujours eu ses iconoclastes. Mais ces derniers mois, le déballage semble avoir atteint un niveau record. Internet n’est pas pour rien dans cette effervescence, les fauteurs de troubles étant souvent des familiers de la blogosphère médicale. La Toile fait caisse de résonance. Et elle empêche de laver son linge sale en famille comme ce fut si longtemps le cas. Elle n’est pourtant pas seule en cause : ces règlements de comptes faisant écho aussi à la croisade pour la pertinence des soins déclenchée par les pouvoirs publics, au combat des femmes qui n’épargne aucun secteur et aucun pays ou à la montée en puissance des patients. La confraternité en sort-elle cabossée ? Voire… De toute façon, il faudra bien s’y habituer.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9666