Trafic d’ovules

La justice chypriote enquête

Publié le 13/09/2010
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UNE CLINIQUE chypriote de fertilisation, filiale d’un centre américain réputé, est soupçonnée de trafic d’ovules. Mi-mai, l’établissement « Petra House », au sud de Nicosie, a été brusquement déserté par l’équipe médicale, essentiellement russe. Depuis cette date, « le staff est introuvable et le sort de nos embryons un grand mystère », indique une des clientes italiennes de la clinique, déplorant le « manque de contrôle de la part des autorités ». Comme de nombreux patients étrangers, elle devait bénéficier d’une fécondation in vitro réalisée avec des ovules provenant de jeunes femmes, venues notamment de Russie et d’Europe de l’Est. C’est sur la base du témoignage de trois Ukrainiennes que la police a fermé la clinique, la soupçonnant de « commerce illégal d’ovules ». Ces trentenaires, en situation régulière, ont affirmé avoir vendu leurs ovules, ce qu’interdit la loi chypriote. La presse chypriote a avancé le chiffre de 1 500 euros par ovule prélevé, un montant démenti par la police.

L’enquête porte également sur des trafics présumés de tissus et de cellules. La clinique a omis de communiquer aux organismes compétents les informations concernant la traçabilité des embryons et gamètes. « C’est officiellement pour cette raison que la clinique a été fermée », précise Me Filomena Gallo, l’avocate qui défend plusieurs patients italiens.

Le matériel biologique de cette clinique a été transféré dans un établissement public, poursuit Me Gallo. Les autorités assurent faire leur maximum pour en garantir la sauvegarde et la traçabilité. Beaucoup de couples italiens contournent la législation de leur pays - l’Italie interdit depuis 2004 la fécondation hétérologue - faisant de Chypre une destination prisée du tourisme procréatif. D’autres cliniques auraient des pratiques frauduleuses, ce qui n’étonne pas Jacques Testart, directeur de recherches honoraire à l’INSERM et père scientifique du premier bébé-éprouvette en France. « Des rumeurs circulent sur les trafics avérés en Europe, mais qui sont difficiles à prouver », dit-il.


Source : Le Quotidien du Médecin: 8813