La quête des origines des adoptés

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Publié le 07/10/2019
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Bien avant la situation des enfants issus d'un don, la question de la quête des origines s'est posée pour les enfants adoptés. Le Conseil national pour l'accès aux origines personnelles (CNAOP) a été créé en 2002 pour permettre à un enfant né dans le secret en France de retrouver ses parents. Sur demande de l'enfant, dès l'âge du discernement, le Conseil peut rechercher la mère biologique. « Quand on la retrouve, on prend le temps de lui expliquer la situation. En plusieurs fois. En s'assurant qu'elle est seule », explique Huguette Mauss, présidente du CNAOP. Si la mère l'accepte, le CNAOP peut aller jusqu'à organiser une rencontre. Parfois anonyme : l'enfant et la mère biologique se voient dans un lieu public sans se parler.  

Les rencontres sont rares. « Sur 600 demandes annuelles, dans un tiers des cas, nous ne retrouvons pas la mère ; un autre tiers refuse, au moins momentanément, le contact ; un dernier tiers accepte. Mais il y a rencontre dans moins de la moitié des cas, certains enfants s'arrêtant dans leur démarche », jauge Huguette Mauss. 

« Le rôle du CNAOP est d'accompagner l'enfant dans sa démarche, tout en respectant la volonté de la mère », rappelle la présidente. 

La quête des origines travaille aussi certains enfants adoptés à l'étranger. Comme les quelque 650 personnes suivies dans le service de la Dr Marie-Odile Pérouse de Montclos, chef de service à Sainte-Anne, responsable de la consultation Adoption internationale. La question surgit souvent lorsque la filiation est fragilisée ou que l'enfant est confronté à des microagressions ou des évènements forts (naissance, décès). S'il est conseillé d'évoquer le parcours de l'adoption dès l'arrivée de l'enfant, la Pr Pérouse de Monclos travaille avec les parents pour qu'ils n'en fassent pas trop, par exemple, anticiper un voyage dans le pays d'origine alors que l'enfant n'en a pas (encore) exprimé le besoin. Dès qu'il y a quête en revanche, l'enfant doit être accompagné, insiste-t-elle. Mais « quand la filiation fonctionne bien, cette quête, loin de la menacer, la renforce », assure-t-elle. 

Coline Garré

Source : Le Quotidien du médecin