Embryon et bioéthique

Le Vatican relance la controverse

Publié le 16/12/2008
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Crédit photo : S Toubon

AVEC UN document doctrinal affirmant la « dignité » de l'embryon humain, le Vatican a relancé la controverse sur les enjeux éthiques des recherches, au moment où certains pays dont les États-Unis et la France s'apprêtent à réexaminer leurs pratiques en ce domaine. L'instruction intitulée « dignitas personae » (la dignité de la personne) actualise le document « donum vitae » (le don de la vie) datant de 1987, qui condamnait déjà sans ambiguïté toute atteinte à l'intégrité de l'embryon, considéré comme un être humain créé à l'image de Dieu dès la conception. Le document fait la liste de toutes les techniques biomédicales qu'il juge « illicites », de la fécondation in vitro à l'utilisation de cellules souches embryonnaires, en passant par la pilule du lendemain.

L’embryon, une personne.

L'Église catholique justifie ces interdits par le fait que « la dignité de la personne doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu'à sa mort naturelle ». Il s'agit d'un pas de plus vers la reconnaissance de l'embryon non seulement comme être humain mais comme personne à part entière avec toutes les conséquences philosophiques ou juridiques que cela pourrait entraîner. « La reconnaissance est implicite mais nous ne tranchons pas dans le débat philosophique », a tempéré le secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Rino Fisichella, en présentant le document. C’est « un utile rappel à la vigilance, étant donné l'eugénisme latent », selon Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe de travail sur la bioéthique au sein de la Conférence des évêques de France (CEF). L'instruction pontificale insiste aussi sur le fait que « l'origine ne peut pas être dominée par la technique », ajoute Mgr d'Ornellas.

Le texte doctrinal approuvé par le pape Benoît XVI condamne les nouvelles techniques médicales ou scientifiques portant atteinte d'une manière ou d'une autre à l'embryon, qui doit être respecté dans sa « dignité » d'être humain. Sont visées, la fécondation in vitro, même avec les gamètes de deux époux légitimement mariés, la congélation d’embryons, la congélation d’ovocytes à des fins de procréation assistée ou la réduction d’embryons. En revanche, la congélation d’ovocytes est permise avant une chimio ou radiothérapie si leur implantation ultérieure conduit à un acte de procréation « naturelle ». Le diagnostic préimplantatoire est, selon le Vatican, « immoral ». Sont également proscrits la pilule du lendemain, le stérilet ou à la pilule abortive (RU 486), des formes de contraception qui entrent « dans la catégorie du péché d'avortement ». L’interdiction de la pilule du lendemain est valable aussi en cas de viol.

Le clonage interdit.

En ce qui concerne les « nouvelles propositions thérapeutiques qui comportent la manipulation de l’embryon ou du patrimoine génétique humain », le texte fait la distinction entre la thérapie génique somatique qui cherche à modifier les cellules non reproductives et la thérapie génique germinale qui vise à transmettre à la descendance les corrections ainsi obtenues. Seule la première peut être acceptée. Le clonage humain, qu’il soit à but reproductif ou thérapeutique, est « intrinsèquement illicite ».

L’utilisation de cellules souches provenant d’un organisme adulte, ou du cordon ombilical et même de fœtus morts naturellement est autorisée.

Par ailleurs, les techniques d’hybridation (entre ovocytes d’animaux et cellules humaines) sont pour le Vatican « une offense à la dignité de l’être humain ».

 STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8482