CONFÉRENCE internationale sur la population et le développement (CIPD), Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), G8… Depuis une quinzaine d’années, les occasions de discuter d’un meilleur usage de l’aide au développement n’ont pas manqué. En 1994, au Caire, 179 États se sont notamment engagés à assurer l’accès universel aux soins et services de santé sexuelle et de la procréation d’ici 2015. Mais l’étude Euromapping 2009*, financée par l’Union européenne, révèle que les pays européens, et notamment la France, sont loin d’atteindre ces engagements.
« D’après les estimations récentes de l’OMS, le montant de l’aide publique au développement (APD) – nécessaire à la réalisation des Objectifs du Millénaire – s’élève à 38 milliards de dollars par an d’ici à 2015. À ce titre, la France devrait contribuer à hauteur de 1,8 milliards d’euros par an. Ce qui signifierait un doublement de son aide par rapport au financement actuel », affirme haut et fort, Serge Rabier.
Par ces chiffres, le directeur exécutif de l’ONG Équilibres & Populations** souligne le fossé entre le discours officiel du gouvernement français en faveur de l’aide au développement et le manque de financements qui y sont dédiés. En effet, selon l’étude Euromapping, la France est à la traîne, par rapport aux autres pays européens, en matière d’aide en santé et population*** des pays en développement.
L’APD française dans le domaine de la santé est en dessous des engagements rappelés par tous les gouvernements successifs du pays (0,7 % du revenu national brut). « La prochaine loi budgétaire ne prévoit qu’entre 0,44 % et 0,48 % du revenu national brut. En outre, l’APD globale de la France est marquée par un "effet de gonflement", car elle y fait figurer des postes qui ne devraient pas y être : annulation des dettes, financement de programmes de logement des étudiants étrangers en France, prise en charge des réfugiés... », souligne encore Serge Rabier.
Les enjeux oubliés.
En matière de santé sexuelle et de la procréation, la France se concentre largement sur l’aide multilatérale. L’hexagone est le deuxième contributeur mondial au fonds de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose (300 millions d’euros alloués cette année). Il contribue aussi au Fonds européen de développement (FED) à hauteur de 116 millions d’euros. « Mais la concentration des efforts sur ces domaines se fait au détriment de domaines tout aussi prépondérants pour faire reculer la mortalité et lutter contre la pauvreté, comme le planning familial et le droit des femmes. La France doit investir des moyens financiers et humains conséquents pour un meilleur accès à la prévention (préservatifs masculins et féminin, par exemple), à la fois contre les maladies sexuellement transmissibles et les grossesses non désirées », indique Serge Rabier.
Le directeur exécutif d’Équilibres & Populations souhaite, ainsi, aider à la mise en place de « politiques courageuses » : « Les pays du Nord doivent avoir le courage de demander à leurs citoyens de donner davantage pour les pays en développement. Quant aux gouvernements du Sud, en particulier ceux de l’Afrique subsaharienne, ils doivent avoir le courage de dépasser leurs tabous et interdits en mettant en place des programmes de santé relatifs à la contraception et à la prévention des maladies sexuellement transmissibles (MST). »
Un objectif qui nécessite l’appui du gouvernement. Le 24 novembre, Équilibres & Populations sera reçue à l’Assemblée nationale, à l’initiative de la vice-présidente Danielle Bousquet, afin de débattre de l’aide au développement. « Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec le ministère des affaires étrangères et de la coopération pour faire avancer les choses. 2009 a été une année importante : pour la première fois, nous avons obtenu une présentation exhaustive et lisible des efforts de la France en matière d’aide en santé. Nous espérons que l’initiative Euromapping sera reconduite les années suivantes afin d’établir des études comparatives de l’aide française », précise Serge Rabier.
Outre la France, c’est toute l’Union européenne (UE) qui est appelée à renforcer ses efforts. « L’ADP globale de l’UE a, certes, augmenté de 10 % en 2008. Mais les dépenses d’ADP en santé dans le monde ont diminué de 124 millions de dollars par rapport à l’année 2007, principalement en raison de la diminution de l’APD santé européenne », conclut Neil Datta, secrétaire de l'ONG Forum parlementaire européen sur la population et le développement (EPF), basée à Bruxelles. .
* L’étude « Euromapping 2009 » est soutenue financièrement par l’UE et menée par deux ONG basées à Bruxelles : DSW (Fondation allemande pour la population mondiale) et EPF (Forum parlementaire européen sur la population et le développement). Elle rassemble diverses données et statistiques officielles et analyse la performance et les engagements des bailleurs de fonds européens en matière d’aide au développement et pour la population.
** ONG plaidant pour une meilleure prise en compte des thématiques de santé et de population dans les politiques et l’aide publique au développement.
*** Les activités population comprennent les politiques de population/ démographiques ; les services de santé sexuelle, de la procréation et du planning familial ; les activités liées aux MST ; l’éducation et la formation pour les personnels santé/ population.
Personnes transgenres : le groupe de travail de la HAS de nouveau ciblé
À Marseille, un homme disperse les cendres d’un autre corps que celui de sa mère, après une erreur de l’institut médico-légal
Accueil du jeune enfant : la Cour des comptes recommande d’améliorer les congés maternel et parental
Pas de surrisque pendant la grossesse, mais un taux d’infertilité élevé pour les femmes médecins