ILS PRENNENT de plus en plus d’ampleur, ces Forums adolescences. Organisés depuis 2005 par la fondation Wyeth pour la santé de l’enfant et de l’adolescent, ils ont mobilisé cette année 3 500 personnes dont 2 500 lycéens dans 9 académies. Après le rassemblement national à Paris début février, 47 lycées ont organisé en leur sein des débats pour faire réfléchir au sujet de cette sixième édition : ce qui oppose (ou pas) les filles aux garçons.
Et pour la première fois, les réflexions des jeunes se sont concrétisées en un ensemble de propositions, 130 au total, dont 30 ont été collectées dans un livret. Ce livret a été remis aux responsables ministériels et aux « autorités administratives et politiques les plus directement concernées par la santé et le bien-être des adolescents ». Les ministres de la Santé et de l’Éducation nationale ont reçu un exemplaire, tout comme la HALDE (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), le CSA (conseil supérieur de l’audiovisuel), l’ARP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) ou encore le MEDEF et autres organisations patronales.
Lutter contre les stéréotypes.
Ces propositions, qui tendent vers un mieux vivre ensemble, peuvent paraître avant tout à de grandes orientations : sensibiliser à la sexualité, « vivre la mixité » (filles-garçons mais aussi établissements généraux-professionnels), construire une nouvelle convivialité, lutter contre les discriminations… Mais ces espérances n’en restent pas au simple statut d’idées, elles sont assorties de suggestions très concrètes. Mettre en place, par exemple, une journée de la femme et de l’homme où les équipes d’adolescents échangeraient leur rôle en s’habillant différemment pour faire prendre conscience des idées reçues et de les comprendre. Ou encore établir un questionnaire sur la convivialité de l’établissement, à faire remplir chaque année par les élèves. Nombre des mesures proposées pourraient être mises en œuvre facilement dès la prochaine rentrée, assure le Pr Claude Griscelli, président de la fondation.
Pour Jean-Louis Auduc, directeur-adjoint de l’IUFM de Créteil, ces propositions mettent en lumière plusieurs choses importantes. D’abord, la nécessaire lutte contre les stéréotypes. « Il y a une forte demande de respect mutuel. Et il nous faut promouvoir l’acceptation de la diversité des parcours de réussite. Je note également l’attente par ces jeunes de médiateurs, de tuteurs. Je l’entends comme le cri des ados qui ont besoin de "passeurs", dans le sens du passage-partage. Et puis je me réjouis de constater qu’ils ne rejettent pas l’école mais veulent au contraire en faire un espace ouvert sur la société, laïc donc ouvert sur les valeurs républicaines, un espace de citoyenneté, permettant de s’épanouir ensemble et de mieux comprendre le monde afin de ne pas le subir ». Cette demande résonne avec la réforme en cours du lycée, insiste Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire, au Ministère de l’Éducation nationale. « Le lycée doit être un lieu de vie », a-t-il martelé.
Les débats auront au moins eu le grand mérite de « rompre le silence ». « Je n’ai jamais imaginé qu’on irait aussi loin dans les discussions, confie Mireille Vincent, DAVL (déléguée académique à la vie lycéenne) de Besançon. Nous espérons maintenant qu’elles seront reprises par les autorités publiques ».
L’an prochain, 4 à 5 fois plus de lycées seront impliqués, annonce déjà le Pr Griscelli.
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