IL Y A TOUT D’ABORD ceux qui posent en préambule la question très générale de la similarité entre le princeps et le générique. Tel le Dr Jean-Paul Hamon, coprésident d’Espace Généralistes, et qui exerce dans les Hauts-de-Seine : « Certains génériques se présentent sous la forme de gélule alors que le princeps est une pilule, et vice-versa, confie-t-il. Or une gélule ne se dissout pas comme un comprimé. De la même manière, la taille des microparticules de principe actif peut varier entre un princeps et ses génériques. Le générique du Plavix n’est pas un problème en soi, le problème c’est cette politique du tout générique, qui est en train d’instaurer une insécurité sanitaire ». Pour le Dr Claude Burguier, généraliste à Toulouse, il est vrai que parfois, le générique n’est pas tout à fait similaire au princeps , notamment dans ses excipients. Mais c’est un problème qui concerne les autorités de santé, pas les médecins ». Quant au Dr Vincent Rébeillé-borgella, vice-président de MG-France et généraliste à Lyon, il fait « confiance aux autorités pour la fiabilité des génériques. On connaît tous des patients qui veulent un générique et pas un autre, ou bien qui veulent s’accrocher à un princeps bien précis. Est-ce une lubie ? Nous n’en savons rien, mais c’est de la responsabilité des autorités de tutelle ».
Patients désorientés.
Les médecins se posent des questions légitimes sur les conséquences de la générication du Plavix. Tel le Dr Jean-Marc (il souhaite être appelé par son prénom), généraliste à Nice : « Cette nouvelle molécule génériquée me pose un problème dans la mesure où ma patientèle est essentiellement composée de personnes âgées, assure-t-il. Elles sont déjà désorientées par d’autres médicaments génériqués qui n’ont pas le même nom, la même présentation ni la même couleur que le princeps . J’ai donc des patients parfois totalement désorientés, qui se trompent de médicament, avec les risques d’iatrogénie qui vont avec ». Le Dr Fontanel (Clamart) craint pour sa part la réaction des patients à qui le Plavix aura été prescrit pour la première fois à la sortie de l’hôpital, à la suite d’une opération de chirurgie cardiaque : « Comment convaincre ces patients, fragilisés par l’intervention, que ce médicament peut être substitué sans risque » ? Pour pallier ce problème, ajoute-t-il, deux solutions. Soit le médecin prescrit le Plavix en ajoutant la mention « non substituable », « soit les patients doivent faire remplir leur pilulier par une tierce personne ». Mais le Dr Fontanel n’en reconnaît pas moins que « les génériqueurs sérieux font des génériques sérieux, et sauf pour des patients bien précis, je ne vois pas pourquoi je ne prescrirais pas un générique du Plavix ».
Pour le Dr Michel Combier, président de l’UNOF et exerçant à Toulouse, « l’arrivée d’un générique ne doit pas faire perdre de vue la pertinence de la prescription. En effet, les autorités de santé mettaient en avant des prescriptions alternatives au Plavix du fait de son prix, mais ce n’est pas parce qu’il dispose désormais de génériques plus abordables qu’il faut le prescrire à tout bout de champ. L’aspirine reste parfois une alternative thérapeutique satisfaisante ». Quant au Dr Claude Burguier, il est serein : « Pour ma part, je n’ai aucun problème ni aucun état d’âme avec les génériques en général, ni avec celui du Plavix en particulier ».
Le mot de la fin pour le Dr Jean-Marc : « Pourquoi n’oblige-t-on pas les génériqueurs à copier non seulement la molécule, mais aussi l’apparence des médicaments et de leur emballage, afin d’éviter aux patients des confusions aux conséquences parfois dramatiques ? »
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