610 licenciements prévus en 2016, premier plan social

Pourquoi Servier restructure sa visite médicale et mise sur l’oncologie

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Publié le 07/12/2015
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L’annonce fin novembre de 610 licenciements chez Servier en 2016 intervient alors que le chiffre d’affaires de la filiale française du laboratoire a été divisé par deux depuis cinq ans. Pertes de brevet, arrivée massive des génériques, déremboursements et baisses de prix imposées expliquent cette situation, explique-t-on au siège du laboratoire.

Or, les prévisions sur les quatre prochaines années font état d’une nouvelle diminution de 64 % du chiffre d’affaires en France.

Dans ce contexte, et pour rester compétitif, le laboratoire a décidé de se séparer de 610 collaborateurs. La plupart (environ 570) sont des visiteurs médicaux (VM), mais sont concernés également des salariés de fonctions support ou dédiés à la promotion. Les détails du plan ont été présentés le 3 décembre aux partenaires sociaux au cours d’un comité d’entreprise. Il devrait être effectif à l’automne 2016 (après plusieurs mois de négociations). « Aujourd’hui, nous n’avons plus grand-chose à présenter aux médecins généralistes », reconnaît-on chez Servier, qui était un des rares laboratoires de l’Hexagone à ne pas avoir diminué ses forces commerciales.

Consacrer 50 % de l’effort de R&D en cancérologie

Ce plan social, une première historique chez Servier, ne constitue qu’une partie de la stratégie de redressement. Le laboratoire français mise fortement sur le développement de son portefeuille d’oncologie. Depuis quelques années, il y consacre 33 % de ses dépenses de R&D, et compte aller jusqu’à 50 % d’ici à trois ans. Mais à part un produit lancé cette année et un autre prévu pour 2016, son pipeline d’oncologie ne devrait aboutir à d’autres lancements que d’ici quatre à cinq ans, selon le laboratoire. Il fallait donc dégager des marges de manœuvre pour financer la R&D. Servier France veut se réorganiser en deux « business units » – la première en médecine interne (cardiologie et diabète), et la deuxième en oncologie. Son pipeline comprend 29 candidats médicaments dans ces deux aires thérapeutiques.

À l’international, les perspectives sont encourageantes. Le chiffre d’affaires monde du laboratoire (3,9 milliards d’euros) n’a baissé que de 5 % (soit 200 millions d’euros) par rapport à l’exercice 2012-2013. Servier juge qu’il existe des opportunités de développement, son implantation dans certains pays émergents n’étant pas achevée. Le laboratoire entend développer des partenariats avec les États-Unis et le Japon, notamment. Son président, Olivier Laureau, ambitionne de parvenir à un chiffre d’affaires monde de 5 milliards d’euros à l’horizon 2020.

Henri de Saint Roman

Source : Le Quotidien du Médecin: 9456