Thèse de Renaud Desbarbieux-Faculté de médecine de Lille

Stratégies de décroissance du tocilizumab chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde

Publié le 03/05/2017
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Crédit photo : PHANIE

Contexte. L’avènement des biomédicaments dans la polyarthrite rhumatoïde a permis de réduire significativement l’activité de la maladie, aboutissant à l’obtention d’une rémission chez une proportion non négligeable de patients. Peu de données sont cependant disponibles pour déterminer la faisabilité de décroissance des biomédicaments et définir la stratégie à adopter une fois la rémission obtenue.

Méthode. Cette étude rétrospective et multicentrique s’est intéressée aux patients atteints de polyarthrite rhumatoïde traités par tocilizumab (inhibiteur des récepteurs IL-6) depuis au moins 6 mois, et plus particulièrement aux patients ayant fait l’objet d’une décroissance pour des raisons d’efficacité ou de tolérance. Les données ont été recueillies dans les principaux centres hospitaliers de la région Hauts-de-France à 3, 6 et 12 mois de décroissance.

Résultats. 337 patients ont été inclus dans l’analyse. 50 et 65 patients ont bénéficié d’une décroissance respectivement pour efficacité et mauvaise tolérance. À 12 mois, le ΔDAS médian était de 0,45 (p = 0,0002) dans le groupe efficacité et 0,04 (p = 0,64) dans le groupe tolérance. Le DAS28 CRP du groupe posologie habituelle était plus élevé que dans le groupe efficacité (2,99 vs 2,10, p < 0,0001), mais restait identique à celui du groupe tolérance (2,99 vs 2,87, p = 0,6). 31 patients (72 %) du groupe efficacité et 23 patients (36 %) du groupe tolérance ont pu maintenir une rémission ou une faible activité. Il n’y avait pas d’augmentation significative du méthotrexate ou de la corticothérapie dans les deux groupes (p < 0,0001). Le poids initial, une longue période de rémission ou de LDA (low disease activity) avant la décroissance, un DAS28-CRP faible apparaissaient comme des facteurs prédictifs de réponse favorable à 12 mois (p = 0,016, 0,012 et 0,0032). En cas de reprise du tocilizumab à posologie habituelle, il n’y avait pas de différence significative entre le DAS28 initial et le DAS28 à 3 mois (p = 0,1563 et 0,2197) et à 6 mois de la reprise (p = 0,8125 et 0,8984).

Conclusion. Notre étude démontre la faisabilité, la sécurité et l’efficacité de la décroissance du tocilizumab, permettant de maintenir une rémission ou une faible activité chez une majorité significative de patients, sans augmentation concomitante de la corticothérapie ou des traitements de fond conventionnels associés.

Renaud Desbarbieux

Source : lequotidiendumedecin.fr