10 000 lits réservés aux Ukrainiens et des envois de médicaments : l’UE organise la solidarité sanitaire

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Publié le 16/03/2022

Crédit photo : AFP

En soutien au système de soins ukrainien, confronté à des pénuries et dont les établissements sont pris pour cible par les attaques russes, les États membres de l’Union Européenne (UE) organisent la solidarité et réservent « plus de 10 000 lits d’hôpital pour des patients ukrainiens en attente de soins », a annoncé la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, le 15 mars lors d’une conférence de presse aux côtés du ministre de la Santé, Olivier Véran.

« Cela comprend les lits pour les patients en pédiatrie, pour les nouveau-nés prématurés et leurs mères, pour les patients atteints d'un cancer, les grands brûlés et les patients en unité de soins intensifs », a-t-elle poursuivi, à l’issue d’une réunion informelle des ministres européens destinée à coordonner la réponse sanitaire européenne.

Des patients de pédiatrie en France « d'ici la fin de semaine »

Les ministres se sont accordés sur plusieurs urgences : prioriser les évacuations d’enfants malades et de leurs familles, actualiser en temps réel les capacités européennes d’accueil pour les soins aigus, dimensionner les capacités de transport des patients à l’ampleur des besoins et envisager le déploiement en Pologne d’hôpitaux temporaires pour faciliter l’évacuation des patients en fonction de leurs pathologies.

Pour l’heure, le transfert des patients ukrainiens vers des hôpitaux européens est assuré depuis des « hubs » installés aux frontières entre l'UE et l'Ukraine, où seront évalués les patients avant d’être orientés. Les premiers patients de pédiatrie ont ainsi été transférés depuis la Pologne vers l’Italie.

La France pourrait accueillir des enfants atteints de cancer « d'ici la fin de semaine », a indiqué Olivier Véran. « Nous avons libéré des places dans nos hôpitaux, a-t-il poursuivi ce 16 mars sur « France Info ». Nous accueillerons autant de malades ou de blessés qu'il le faudra ».

Des vaccins contre le Covid, mais pas seulement

Les États membres ont par ailleurs envoyé des « dizaines de tonnes » de médicaments et de matériel médical, a souligné le ministre. Et, alors que l’Ukraine connaît des taux de vaccination inférieurs aux pays européens, l’agence HERA (Health Emergency Preparedness and Response Authority) va également assurer la fourniture de vaccins, notamment contre la tuberculose.

Dans un récent rapport, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alertait sur les risques infectieux, alors que l’Ukraine a une prévalence du VIH et de la tuberculose parmi les plus élevés d'Europe et une couverture vaccinale sous-optimale pour la poliomyélite et la rougeole.

Dans son dernier avis daté du 11 mars et actualisé le 14 mars, le Conseil scientifique, attire également, « avec humilité », l’attention des pouvoirs publics sur les enjeux sanitaires de la crise ukrainienne. « La crise humanitaire avec un afflux de réfugiés ukrainiens en Europe va s’inscrire dans la durée », met-il en garde.

La crainte porte notamment sur la situation militaire qui pourrait conduire « à une diminution de la prise en charge de pathologies déjà existantes qui risquent d’être "oubliées" : VIH-Sida, tuberculoses multirésistantes, santé mentale, cancers… mais aussi Covid, compte tenu du niveau de vaccination ». Concernant l’effort sanitaire européen, l’avis insiste sur le besoin de simplification au niveau français, « avec un rôle majeur mais non exclusif des ONG pour optimiser l’offre de soins et l’accès à la vaccination Covid ».

Sur ce point, les pays voisins assurent disposer de doses de vaccins contre le Covid-19 en quantité suffisante pour vacciner les réfugiés venus d’Ukraine, précise Stella Kyriakides. Dans le pays, seul un tiers de la population est vacciné contre le Covid-19. Mais la priorité reste bien la prise en charge médicale des réfugiés sans surcharger les systèmes de soins des États, notamment frontaliers. L’envoi de renfort des soignants n’est pas prévu pour l’instant. Les États membres n'ont « pas eu de demandes » en ce sens, a souligné Olivier Véran.


Source : lequotidiendumedecin.fr