La pénurie médicale n’est pas uniquement un problème franco-français. Le Canada, dont la médecine de première ligne est souvent mise en avant pour ses qualités, en est également victime. À tel point que certaines municipalités se livrent désormais à une surenchère financière pour attirer les médecins.
Un phénomène bien connu en France où les communes désertées par les généralistes n’hésitent pas à débaucher les professionnels exerçant dans les localités voisines en leur offrant de généreuses primes à l’installation, voire la gratuité des locaux, des voitures de fonction… La presse locale se fait régulièrement écho de ces débauchages sauvages comme dans la Sarthe, ou dans la Manche.
Dans un article publié cette semaine, Radio-Canada évoque le cas de plusieurs communautés de l’est de l’Ontario « prêtes à tout pour attirer des médecins de famille pour quelques années, par exemple en leur offrant 100 000 dollars [dollars canadiens, soit près de 67 000 euros, NDLR] en échange d’un engagement de cinq ans ».
Des montants réglés directement aux médecins
Dans le comté de Hastings, ce coup de pouce s’élève même à 150 000 dollars canadiens (plus de 100 000 euros) pour un engagement de quatre ans sur le territoire, avec un bonus de 75 000 dollars canadiens (plus de 50 000 euros) pour « couvrir les coûts de réinstallation des médecins agréés qui reviennent d'ailleurs au Canada ou d’ailleurs », détaille le média. Un joli pactole, d’autant plus que ces primes s’ajoutent aux éventuelles aides financières dispensées par les pouvoirs publics pour faciliter l’installation des professionnels de santé. Dans la plupart des cas, ces montants sont réglés directement aux candidats à l’installation.
Selon Radio-Canada, cette politique d’incitation n’est pas nouvelle mais le mouvement s’est accéléré en raison de la pénurie croissante de médecins dans l’est de l’Ontario, la région la plus peuplée du Canada, et qui abrite la capitale du pays, Ottawa. Le Collège des médecins de famille de la province estime en effet que plus de deux millions d'habitants (sur une population de 14,5 millions de personnes) n'ont pas de médecin de famille. Ce besoin se fait d’autant plus sentir dans les régions rurales.
Le phénomène conduit les municipalités à se concurrencer pour attirer les professionnels. Après Hastings, plusieurs comtés ont proposé de généreuses primes à l’installation. 100 000 dollars canadiens à Quinte West et à Kingston, contre un engagement de 5 ans, 150 000 dollars à Belleville pour 6 ans… « En général, ces incitations sont également associées à des réductions de loyer ou à d'autres mesures destinées à faire économiser de l'argent aux médecins », constate Radio-Canada.
Une politique d'incitation qui fait polémique
Et ça fonctionne. À Hastings, 16 candidats ont été recrutés sur plusieurs années. Le comté avait pris des mesures pour « éviter de voler des médecins aux municipalités voisines » : son dispositif d'accompagnement visait uniquement les étudiants, pas les professionnels en place.
Cette politique d’incitation fait malgré tout polémique puisqu’elle avantage les régions les plus riches, au détriment des autres, déjà touchées par la désertification médicale. Bref, la politique d’incitation financière aggrave les difficultés d’accès aux soins, estime un professeur en ressources humaines dans le domaine de la santé à l'Université McMaster, cité par Radio-Canada.
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