Hausse des infections à Chlamydia inquiète l’Europe

200 000 jeunes seront infectés cet été et ne le sauront pas

Publié le 01/07/2009
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Crédit photo : BSIP

« AU COURS des prochains mois d’été, on estime que 200 000 jeunes européens seront touchés par une infection à chlamydia et que la plupart ignoreront qu’ils sont infectés ». Chlamydia trachomatis est à l’origine de l’infection sexuellement transmissible bactérienne la plus répandue dans les pays industrialisés. Entre 5 et 10 % de la population sexuellement active serait touchée dans les pays de l’Union européenne. Les 15-24 ans sont les plus vulnérables. En Angleterre, où existe un programme national de dépistage chez les jeunes de moins de 25 ans, 10 % d’entre eux étaient infectés, soit environ 450 000 personnes. « L’infection à Chlamydia est une cause d’infertilité chez les femmes jeunes. Vu les taux élevés d’infections rapportées dans la plupart des pays de l’Union et les nombreux cas asymptomatiques non diagnostiqués, les conséquences en termes de santé publique devraient se faire sentir dans un avenir proche », a expliqué Zsuzsanna Jakab, directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) lors de l’annonce cette semaine du rapport suivi de recommandations réalisé à la demande du Centre. « Nous souhaitons que ce guide aide les pays de l’Union à renforcer leurs systèmes de dépistage et de prise en charge de la maladie », a-t-elle poursuivi.

Le groupe d’experts réuni par l’ECDC s’est appuyé sur les données d’une étude réalisée dans 29 pays, dont 24 appartenant à l’Union européenne, selon laquelle près de la moitié des pays n’avaient pas de système organisé de contrôle et que seulement deux d’entre eux, la Suède et la Finlande, s’étaient dotés d’un programme national élargi de dépistage. Lorsque des mesures existent, les critères de dépistage et de prise en charge diffèrent d’un pays à l’autre.

Stratégie en 4 étapes.

L’ECDC recommande une stratégie en 4 étapes (niveau A, B, C, D), de la prévention primaire des IST à des interventions plus complexes telle que l’organisation d’un dépistage systématique. Dans un premier temps, devront être assurées l’information et l’éducation des populations par des campagnes de sensibilisation ou de distribution de préservatifs. À l’étape suivante, les méthodes et les critères du dépistage devront être définis et des recommandations sur la prise en charge spécifique des infections à Chlamydia devront être mises à la disposition des praticiens. Les stades suivants - dépistage ciblé vers les populations les plus vulnérables ; dépistage systématique - méritent encore, selon les experts, d’être évalués.

En France, dans un éditorial du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » intitulé « Dépistage systématique des infections à Chlamydia trachomatis, il est temps d’agir » (3 octobre 2006, n°37-38), Josiane Warszawski (hôpital Bicêtre) et Véronique Goulet (InVS) soulignaient : « Alors que des stratégies actives ont été mises en œuvre dans les pays anglo-saxons et nordiques depuis plus de dix ans, il n’existe pas de recommandation nationale en France ». Le dernier bilan du réseau Renachla confirmait la progression annuelle régulière des infections depuis 2000 avec un taux de positivité entre 4 et 5 %. Les auteurs se prononçaient pour un dépistage systématique même dans les structures où l’examen gynécologique n’est pas une pratique de routine, compte tenu de la diffusion récente de méthodes de biologie moléculaire qui facilitent la détection dans les prélèvements urogénitaux autres qu’endocervicaux chez la femme et urétraux chez l’homme.

 LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr