Accès aux soins : le haut conseil à l'égalité dénonce le sort réservé aux femmes précaires

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Publié le 07/07/2017
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Crédit photo : AFP

Dans l'accès aux soins, et plus globalement en santé, les femmes précaires subissent de plein fouet les inégalités sociales (liées à la précarité) et sexuées (liées au genre), dénonce le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), dans un rapport co-écrit par le Dr Gilles Lazimi et remis ce 7 juillet à la secrétaire d'État Marlène Schiappa.

Il y a « urgence », interpelle le HCE, qui dresse un sombre tableau. Les femmes représentent la majorité des personnes en précarité (53 % des personnes pauvres, 70 % des travailleurs pauvres, 82 % des temps partiels, 85 % des chefs de familles monoparentales...). 

Maladies professionnelles, troubles psys, renoncement aux soins... 

Depuis 15 ans, les maladies professionnelles, les accidents de travail et de trajet sont en forte augmentation chez les femmes, en particulier dans des secteurs à forte précarité... comme la santé ou le nettoyage où les accidents du travail les concernant ont augmenté de 81 % entre 2001 et 2015, et les accidents de trajet de 43 %.

Les femmes sont plus exposées que les hommes aux troubles psychologiques, encore plus si elles vivent dans la précarité. Elles ont alors un moindre suivi gynécologique que les autres femmes, et ont moins souvent recours aux dépistages du cancer du sein et du col de l'utérus.

La mortalité prématurée liée à des maladies cérébro-cardiovasculaires chez les ouvrières est en moyenne trois fois supérieure à celle des cadres et professions intermédiaires. 

Malgré ces indicateurs sanitaires dégradés, les femmes en situation de précarité sont pourtant très nombreuses à reporter ou renoncer à des soins (64 % des renonceurs). Et elles subissent encore plus les conséquences du sexisme (risques de violences, tâches domestiques totalement à leur charge, etc.). 

21 recommandations pour mieux prendre en compte leurs spécificités

Le HCE propose 21 recommandations, déclinées en trois axes, à commencer par l'amélioration de la santé au travail. Il recommande de modifier par décret les seuils des critères de pénibilité, pour prendre en compte la manutention de charges peu importantes, mais répétées, la station debout comme « posture pénible », les produits ménagers comme « agents chimiques dangereux » et les horaires atypiques des métiers exercés surtout par des femmes. Le HCE insiste pour faire de la médecine du travail un levier essentiel d'amélioration de leur santé, et appelle à mieux protéger les femmes enceintes. 

Un deuxième axe vise à adapter l'offre de soins, en associant les femmes au diagnostic des besoins sur un territoire (ce qui peut se traduire par le soutien aux associations), en levant les freins financiers (remboursement intégral des soins dispensés aux victimes, fusion de l'AME, de l'ACS, et de la CMU-C), en formant les professionnels de santé à ces spécificités, et en garantissant l'accès géographique et temporel (horaires d'ouverture) aux structures de soins, comme les centres municipaux.

Dernier axe, les spécificités des femmes précaires doivent être mieux intégrées dans les politiques de réduction des inégalités sociales de santé, comme dans le dispositif des permanences d'accès aux soins de santé (PASS) ou des programmes régionaux d'accès à la prévention et aux soins (PRAPS). 


Source : lequotidiendumedecin.fr