L'âpre bataille des PH pour davantage de reconnaissance

Attractivité des carrières médicales à l'hôpital : des avancées en 2016 mais beaucoup reste à faire

Par
Publié le 19/12/2016
Article réservé aux abonnés
attractivite

attractivite
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Après avoir longtemps alerté en vain sur la dégradation de leurs conditions de travail et la pénurie médicale, les praticiens hospitaliers (PH) ont vu en 2016 une partie de leurs souhaits se réaliser avec la concrétisation tardive d'un plan attractivité estimé à 250 millions d’euros (d’ici à 2019 mais financé en grande partie par la réduction des dépenses d’intérim).

Avec 26,3 % des postes vacants en moyenne, la situation est particulièrement critique cette année en réanimation, anesthésie, radiologie et dans les services d'urgences. Alors qu'un plan Marshall pour l'hôpital est espéré depuis une décennie et que les établissements sont bousculés par la réforme des groupements hospitaliers de territoire (GHT), les PH ont dû prendre leur mal en patience et endurer 45 nouvelles réunions de concertation tout au long de l'année…

En septembre, lassés de ne voir aucune mesure pointer à l'horizon pour revaloriser l'exercice médical et les carrières, les anesthésistes du SNPHAR-E, souvent à l'initiative de mouvements de grève (à l'AP-HP en mai, à Versailles en juin), ont appelé les PH de tout l'Hexagone à déposer stéthoscopes et bistouris. Les centrales Avenir Hospitalier, la CPH, la CMH, l'INPH et le SNAM-HP ont embrayé…

Début octobre, Ségur s'est empressé d'annoncer cinq mesures gratifiantes pour calmer le jeu. Quelque 3 000 jeunes diplômés pourront percevoir d'ici à 2018 une prime d'engagement fixée à 10 000 euros, 20 000 euros ou 30 000 euros selon la fragilité de la zone géographique d'activité et le taux de vacance de la spécialité médicale.

Réforme des GHT oblige, Marisol Touraine a également dynamisé la prime multisite (qui devient la prime d'exercice territorial) en l'élargissant à un plus grand nombre de bénéficiaires, susceptibles de percevoir 250 à 1 000 euros brut par mois selon le temps consacré à l'activité médicale partagée. 

Autre avancée : un second échelon de 700 euros brut mensuel a été ajouté (à partir de janvier 2017) à l'indemnité d'engagement de service public hospitalier exclusif (sans aucune activité libérale) pour les PH engagés dans cette démarche depuis 15 ans – soit 15 000 médecins sur les 50 000 en poste.

Du mieux aussi sur les astreintes

Côté protection sociale, les jeunes contractuels ont obtenu la même couverture que les PH (salaire à 100 % pendant les congés maternité, harmonisation de la durée et du niveau de rémunération en cas d’arrêt maladie). La ministre de la Santé a aussi ouvert aux jeunes médecins en période probatoire le droit de travailler à temps partiel. 

Dans l'attente des décrets d'application, les PH et Ségur ont engagé mi-novembre un nouveau cycle de discussions sur le temps de travail (organisation et gestion) qui doit être clos en février. À six mois de la présidentielle, Marisol Touraine n'a cette fois pas attendu pour publier deux premiers décrets sur les astreintes et le temps de travail additionnel. Les travaux se poursuivent sur la diversification des missions confiées aux praticiens et la reconnaissance des valences non cliniques, l'impact des sujétions liées à la permanence des soins ou encore les modalités de comptabilisation du temps de travail médical. 

 

 

 

 

 

 

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9544