Bachelot confortée malgré les aléas

Publié le 25/06/2009
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Ce n’est pas le moindre des paradoxes : au terme du marathon parlementaire du projet de loi HPST, une course d’obstacles de plusieurs mois marquée par la fronde d’une bonne partie du monde médical hospitalier et libéral, les assauts répétés des parlementaires jusque dans la majorité UMP, les retards, les cafouillages et les polémiques, Roselyne Bachelot, confirmée par Nicolas Sarkozy dans son ministère de la Santé et des Sports, sort finalement confortée. Alors que huit ministres ont fait leurs valises, et que neuf changent de portefeuille, le chef de l’État continue de faire confiance à celle qui a réussi à accoler son nom à une des lois les plus délicates du début du quinquennat, une forme de prouesse sous l’hyperprésidence Sarkozy.

L’Élysée, qui ne lui a pas toujours facilité la tâche dans le pilotage de « sa » loi (amendements sur les CHU introduits à la hussarde), lui reconnaît d’avoir bataillé sans relâche pour trouver des compromis sur des sujets explosifs comme la gouvernance de l’hôpital, la démographie médicale ou certains enjeux de santé publique. Si le monde médical s’est mobilisé, si les parlementaires ont maugréé, l’essentiel de la loi a été préservé. Roselyne Bachelot l’a souvent fait savoir. Elle estime avoir mené à bien cette mission à risques dans un secteur « parsemée de voix contradictoires ».« Cet esprit de dialogue, nous le faisons vivre depuis près de deux ans. Fruit d’une très vaste synthèse, cette loi sera un édifice harmonieux auquel chacun aura pu apporter sa pierre. Nous ressortons de ce débat avec une nouvelle organisation de notre système de santé et une nouvelle gouvernance pour nos hôpitaux », se réjouissait-elle récemment devant le congrès de la Mutualité Française. Une présentation dorée de son bilan, avaient jugé les opposants et les sceptiques. Sa reconduction avenue de Ségur lui donne raison.

Pédagogie de la réforme.

Les futurs chantiers ne vont pas manquer, les pièges non plus: révisions des lois de bioéthique, préparation avec Éric Woerth du prochain budget de la Sécurité sociale dans un contexte de déficit record, tout en gardant l’œil rivé sur l’avancée des négociations conventionnelles qui devront en particulier aboutir sur le secteur optionnel et l’encadrement des dépassements... Roselyne Bachelot va surtout devoir assurer le difficile « service après vote » de la loi HPST, préparer la sortie de plusieurs dizaines de décrets d’application où chaque mot devra être pesé, boucler le casting des directeurs d’ARS, puis la mise en place opérationnelle de ces agences l’an prochain. La ministre a déjà prévu une vingtaine de rencontres régionales avec la communauté hospitalière pour (ré) expliquer la loi HPST et préparer les textes réglementaires. Première étape : le CHU d’Angers, aujourd’hui, pour faire la pédagogie du titre I de la loi. Les soignants qui exercent en ville ne seront pas oubliés. Dès le 2 juillet, Roselyne Bachelot s’adressera aux libéraux de santé à l’occasion des 40 ans du CNPS. Une façon de renouer les fils du dialogue avec une instance qui n’a pas épargné la loi HPST…

Côté médecins, certains font contre mauvaise fortune bon cœur. « De toute façon, les dossiers de l’hôpital et de la santé sont pilotés par l’Élysée. Le nom du ministre de la Santé est-il vraiment important ? », persifle le Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH). Son jugement sur Roselyne Bachelot est mitigé. « Une femme qui nous écoute mais qui ne nous entend pas souvent ». À l’hôpital comme en ville, les reproches les plus vifs ciblent en réalité le cabinet de la ministre. Le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, qui a ferraillé pendant des mois contre le projet de loi HPST, ne déborde pas d’enthousiasme à l’idée de repartir avec Roselyne Bachelot et son équipe. « Force est de constater que les relations entre la Confédération et le cabinet de Ségur ont été exécrables mais ce qui compte c’est la politique qui sera suivie après le nouveau cap social fixé par Nicolas Sarkozy ».

CYRILLE DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr