Bas les masques : devant les députés, les médecins libéraux pointent les « défaillances »  et la « faillite » de l'État

Par
Publié le 10/07/2020
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : A.N

Auditionnés ensemble par la mission parlementaire d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences de l’épidémie de Covid-19, les syndicats de médecins libéraux (CSMF, FMF, MG France et SML) ont une fois de plus déploré le manque de moyens de protection pendant les premières semaines de l'épidémie.

« La crise sanitaire a été un moment difficile avec une défaillance des services de l'État », a attaqué le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, déplorant la pénurie de d'équipements de protection, mais aussi de tests, de médicaments anesthésiques. La logique contingentée de distribution des masques en médecine de ville a été jugée « catastrophique ».

Abandon

« Nos kits de protection auraient dû comporter des charlottes, des masques et des surblouses. On a payé un lourd tribut à cette crise, on a travaillé à mains nues et sans rien du tout », a abondé le Dr Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la FMF, lui-même contaminé par le coronavirus. Ayant très peu apprécié les propos de Roselyne Bachelot – qui a expliqué devant la même commission que les médecins auraient dû faire des stocks eux-mêmes –, l'ancien chef de file de la FMF a indiqué qu'il attendait des excuses de sa part. « Ces propos sont déplacés », a aussi jugé le Dr Philippe Vermesch, président du SML, déplorant sur le sujet des masques « un abandon des médecins par les pouvoirs publics ».

« Les généralistes ont été au rendez-vous, ils ont été inventifs et se sont adaptés aux différents territoires. Mais jamais Jérôme Salomon ne les a mentionnés. Il y a eu faillite de l'État, la gradation des soins n'a pas eu lieu et on ne s'est pas appuyé sur les soins primaires. Nous n'avions pas les outils diagnostiques, pas les masques », abonde le Dr Agnès Giannotti, vice-présidente de MG France.

Changement de doctrine ?

Les libéraux étaient-ils au courant d'un changement de doctrine intervenu en 2013, selon laquelle c'est à l'employeur de déterminer l’opportunité de constituer des stocks de masques pour son personnel – et non plus à l’État ? « À aucun moment les médecins libéraux n'ont été informés d'un changement de doctrine sur les masques, sinon ils auraient fait des stocks », assure le Dr Vermesch (SML). « Nous avons appris l'existence de cette doctrine dans votre commission ! », renchérit le Dr Jean-Paul Hamon (FMF). « La doctrine sur les masques a changé, il est normal qu'on ait un petit stock mais à partir du moment où c'est la crise, c'est la responsabilité de l'État de nous en fournir », recadre le président de la CSMF.


Source : lequotidiendumedecin.fr